Sous le soleil de Old Goa, un paradis pour le passionne d'histoire et d'eglises que je suis!
Sans doute en raison des quelques verres de vin blanc de la veille au soir, je ne passe pas la meilleure nuit de sommeil de ma vie! Du coup, je me leve vers 10h00 me sentant encore bien fatigue. Je prends ma douche, ce qui me reveille aussitot, puis je pars prendre mon petit-dejeuner dans un joli cafe situe dans le quartier avant de passer l'heure suivante a telecharger mes photos de la veille sur le blog.
Vers midi, je quitte mon auberge, traversant la petite riviere qui separe Panaji en deux parties bien distinctes, et peu apres j'arrive a la gare routiere. Comme je ne trouve pas immediatement le bus allant a Old Goa, je me fais aider par un passant tres sympathique qui semble ravi lorsque je lui dis que je suis portugais car, comme il m'explique, je suis le tout premier qu'il rencontre, et aussi parce qu'une partie de sa famille a des origines lusitaniennes.
Il m'amene donc jusqu'au bus en question et comme il est plein, je passe la demi-heure de trajet debout en train de suer a grosses gouttes tout en me tenant aux barres metalliques chaudes et poisseuses afin de ne pas tomber a chaque virage! Et finalement, apres avoir longe le cours de la riviere Mondavi sur plusieurs kilometres, nous arrivons sur une route bordee de palmiers ou je devine la silhouette de quelques eglises. La, le controleur me dit que nous sommes arrives a Old Goa et que je peux donc descendre.
Comme le bus me depose a la sortie du site de Old Goa, l'endroit ne pouvant pas vraiment etre appele une ville ni un village pour la simple et bonne raison qu'il n'y a pas la moindre maison, je remonte l'allee principale sous un soleil de plomb afin de me diriger vers la premiere des tres nombreuses eglises baties ici pendant l'age d'or de l'ancienne colonie portugaise. J'arrive ainsi au pied de l'imposante "Basilica do Bom Jesus" construite entierement en briques et inauguree en 1605. Je commence par flanner sur le parvis de cette superbe eglise afin d'admirer les details de sa belle facade "renaissance" avant de suivre le flux des visiteurs (pour la plupart des indiens de confession chretienne)afin de visiter l'interieur.
Etonnamment, la decoration de la nef et du choeur sont d'une simplicite surprenante, d'autant plus lorsque l'on sait a quel point cette basilique est celebre dans tout le monde catholique, principalement en raison du fameux tombeau qui s'y trouve. Et justement, apres avoir remonte l'allee centrale, je remarque que les visiteurs et les fideles se pressent tous contre une des chapelles situee a droite de l'edifice. Je les suis et je me retrouve alors devant le sarcophage d'argent et de cristal renfermant le corps de Saint Francois-Xavier, un missionnaire a qui il fut donne la tache de propager le Christianisme dans les colonies asiatiques du Portugal au XVIeme siecle. Apres sa mort, le 3 decembre 1552, sur une ile au large de la Chine, sa depouille fut retournee a Goa mais a la grande surprise de tout le monde, son corps arriva en parfait etat a destination sans presenter la moindre trace de decomposition. Finalement, le Vatican fit analyser la depouille par les physiciens de l'epoque et la canonisation fur ordonnee en 1622, lui conferant ainsi le titre de Saint. Malheureusement, dans les annees qui suivirent, les "chasseurs de relique" commencerent a s'interesser de pres a son cas et c'est ainsi que certains de ses membres, dont tous ses organes internes, furent emmenes afin d'etre exibes dans de nombreuses eglises d'Extreme-Orient. Du coup, au XVIIeme siecle, les Jesuites deciderent de garder ce qu'il restait du corps dans ce sarcophage afin de le proteger et pour que les fideles puissent voir les restes mortuaires du Saint, un evenement qui a lieu tous les dix ans. C'est pour cette raison que depuis ou je me trouve, je ne peux que deviner la silhouette du corps sans pouvoir pour autant voir ni son visage ni le reste.
Apres cela, je contourne la petite chapelle pour me retrouver dans le joli cloitre a deux etages qui jouxte la basilique. J'en fais le tour, profitant de l'ombre et de la fraicheur relative des galeries avant de repartir a l'assaut des autres edifices qui composent l'etonnante cite historique de Old Goa.
Je traverse la route principale, je longe une serie de palmiers et je remarque alors un escalier en pierre qui descend vers une clairiere au coeur de la foret tropicale. Je l'emprunte et j'arrive peu apres devant la jolie chapelle Sainte Catherine avec ses murs en pierre et sa facade blanche magnifiquement restauree. Je semble etre le seul a s'interesser de pres a cette petite eglise construite en 1510 par Afonso de Albuquerque, l'ancien gouverneur des Indes Portugaises, afin de commemorer son arrivee a Goa precisement le jour de la Sainte Catherine. Je fais un tour a l'interieur de la chapelle qui est etrangement vide puis je remonte les marches pour revenir vers l'esplanade principale du site.
A ma gauche se dresse alors l'elegante facade de l'eglise et couvent Saint Francois d'Assise batie par les moines franciscains en 1517 puis agrandie en 1661. Je passe la superbe porte principale representant parfaitement bien le style gothique-manuelin typiquement portugais et tres en vogue au XVIeme siecle, et j'y remarque surtout les deux spheres armillaires et les armoiries du roi Dom Manuel 1er, le souverain qui regna pendant l'epopee des Grandes Decouvertes.
Une fois a l'interieur, je suis impressionne par la beaute des fresques murales representant des fleurs, des animaux et des anges, tout comme la serie d'immenses tableaux accroches sur les murs dans la partie haute de l'eglise. Sur le sol, je ne compte pas le nombre de pierres tombales dont on voit encore parfaitement bien les armoiries des grandes familles a qui elles appartiennent. En sortant, je remarque que le couvent abrite a present un musee d'archeologie et je m'attarde alors sur une serie de photos montrant l'etat des eglises de Old Goa avant et apres le grand mouvement de restauration de ces dernieres annees. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le travail a ete bien fait, et que le resultat est sensationnel!
Apres avoir longe la grande eglise consacree a Saint Francois d'Assise, j'arrive derriere la "Se de Goa", autant dire la cathedrale, la plus importante eglise de l'ancienne colonie, et aussi l'une des plus imposantes eglises catholiques jamais construite sur le continent asiatique! Curieusement, je remarque celle-ci est orientee vers l'Est, sa facade etant tournee du cote du levant alors que toutes les autres sont orientees a l'Ouest. Une "anomalie" au sujet de laquelle je ne parviens pas a trouver de reponse...
Si son apparence exterieure est un melange entre le gothique portugais et le style toscan, sa somptueuse architecture interieure est de style corinthien avec ses larges et hautes colonnes immaculees et ses grands lustres en cristal qui donnent a cette cathedrale une indeniable impression de legerete et d'elegance.
Lorsque je reviens a l'air libre, je remarque que cela fait une heure que je suis a Old Goa, que j'y ai deja visite quatre eglises, mais que je ne suis pas sur le point d'avoir termine tant le site, qui etait occupe jadis par une ville plus prospere et plus peuplee que Lisbonne ou Londres, est riche en edifices religieux plus beaux et remarquables les uns que les autres!
Je prends alors une petite route aussi tranquille que les autres, la plupart des allees de cette incroyable cite historique etant fermees a la circulation, pour arriver peu apres a l'entree d'un parc ou, comme dans un reve, derriere une dense vegetation tropicale, je vois surgir la splendide facade de l'eglise de Saint Caetano brillant sous les rayons du soleil de l'apres-midi. Et des les premieres secondes, je ne peux m'empecher de remarquer a quel point celle-ci ressemble a celle, bien plus grande, qui occupe le sommet de la Place Saint Pierre de Rome... Du coup, je ne suis pas surpris lorsque je lis dans mon guide que cette belle eglise fut batie par des moines italiens se basant sur le modele original de la plus grande basilique de la chretiente!
Etant le seul visiteur en ce chaud apres-midi ensoleille, j'ai tout loisir de flanner a l'interieur de cet edifice dont la decoration est aussi blanche et sobre que sa facade. Puis, au moment ou je repars, je croise juste quelques voyageurs semblant faire le tour des eglises de Old Goa sur leur moto (les veinards!) et je reprends le chemin inverse afin de retourner au centre de la cite, tachant de marcher le plus possible a l'ombre des grands arbres qui bordent les allees.
Soudain, et a mon plus grand soulagement, je remarque une femme qui vend de l'eau et comme il y a un tas de citrons pose devant elle, je lui demande si elle peut me servir un lime-soda bien frais. Elle me prepare ainsi ma boisson preferee en deux minutes et je retrouve alors le sourire pendant que je vide mon verre a la vitesse d'un mort de soif...
Me sentant tout d'un coup beaucoup mieux, je repars a l'assaut des nombreuses autres eglises qui occupent ce vaste perimetre semblant perdu au coeur de la foret tropicale. Je repasse devant la belle facade de la cathedrale avec son clocher unique, je remonte toute l'allee principale sentant presque le goudron fondre sous mes semelles pour me retrouver au pied de la colline qui domine le centre de la cite.
Apres un rapide coup d'oeil a mon guide, j'emprunte un chemin qui monte le long de la lisiere de la foret. La montee, bien que peu difficile, s'avere rapidement penible avec la chaleur et le taux d'humidite qui me fait suer a grosses gouttes. Mais avec une motivation intacte, je continue ma visite, doublant la petite eglise du couvent Saint Jean de Dieu et mettant le cap sur le sommet de la colline ou je commence a apercevoir une etrange silhouette de pierre...
Comme un geant ecrase par une force superieure, se dresse alors devant moi les ruines de l'ancienne eglise de Saint Augustin datant de 1602 et batie par des moines du meme ordre. Malheureusement, il n'en reste aujourd'hui plus qu'une partie de son immense tour haute de 46 metres, ainsi qu'un pan de la nef dont on devine encore les details de la voute.
J'en fais brievement le tour, l'endroit etant ferme au public (sans doute pour des raisons evidentes de securite), puis je contourne le couvent de Sainte Monica sans m'y arreter. Le chemin me mene alors jusqu'a la chapelle de Notre Dame du Rosaire parfaitement blanche et dont l'archtiecture me rappelle plus celle d'un fort que d'une eglise a proprement parle avec son clocher carre flanque de tourelles rondes surmontees d'une croix.
En arrivant devant la porte d'entree, je tombe nez avec deux ouvriers en train de faire une sieste tardive, simplement couches a l'ombre du porche. Je passe discretement entre eux, tachant de ne pas les reveiller et une fois a l'interieur, je constate que l'eglise est vide a l'exception toute fois des trois petits retables qui occupent les trois branches de la croix formees par les ailes de l'edifice. La peinture, quant a elle, semble encore fraiche et je suis heureux de voir que cette jolie chapelle batie entre 1544 et 1547 selon une promesse faite a la Vierge par Afonso de Albuquerque, a retrouve toute sa splendeure passee.
Il n'empeche que lorsque je finis d'en faire le tour, je me rends compte que je suis lessive, epuise, assoiffe, et que mes vetement sont trempes de sueur! Voila des heures que je marche en plein soleil sous une chaleur caniculaire et apres avoir visite autant d'eglises en un simple apres-midi, il me faut une pause, et surtout a boire avant de rentrer du cote de Panaji. Evidemment, si je le souhaitais, il y en aurait encore une demi-douzaines a voir dans les environs de Old Goa, un endroit vraiment exceptionnel, mais je n'ai plus la force ni le courage, et je decide d'en rester la pour aujourd'hui!
Avant de prendre le bus pour me ramener a mon hotel, je m'assieds sur la terrasse surchauffee de l'unique bar de la cite pour un coca bien frais et un lime-soda qui l'est tout autant. Puis, une fois que j'ai calme ma soif, je me mets a attendre l'un des nombreux bus qui font la navette entre l'ancienne et la nouvelle capitale de l'etat de Goa. Une fois de plus, je suis oblige de faire le trajet debout et je suis bien content lorsque je peux enfin descendre a la gare routiere de Panaji.
Vers 18h00, j'arrive a mon auberge et comme j'ai recu un message de John durant l'apres-midi, je frappe a sa porte. Je lui propose d'aller manger dans le fameux restaurant portugais situe non loin de la vers 20h00 mais il me dit avoir eu un gros lunch en milieu d'apres-midi et prefere simplement me rejoindre plus tard pour un verre.
Je fonce ensuite sous la douche, ayant l'impression une fois de plus, d'avoir passe ma journee a transpirer, et des que je suis change, je passe un petit moment sur le net avant de me rendre dans le restaurant en question. La, je commande un "caldo verde", une soupe typique de ma region natale ainsi qu'une assiette de viand de porc, un plat que je n'ai plus mange depuis des lustres. On me sert un verre de vin rouge de la maison et il est tellement mauvais que je dois me forcer pour le finir!
Peu avant 21h00, John me rejoins. Je paie mon repas et je lui propose d'aller ailleurs pour le dessert et pour prendre un verre car je ne suis pas vraiment impressionne par le decor et l'atmosphere de cet etablissement. Nous longeons donc la rue principale du quartier historique de "Sao Tome" pour arriver devant l'entree de l'extraodinaire "Cafe Venite" dont la decoration interieure est un veritable plaisir pour les yeux! Nous prenons place sur l'une des petites tables situees sur les minuscules balcons (clients obeses s'abstenir!) et y commandons des fruits et un gateau local pour le dessert, ainsi qu'une bouteille d'un excellent vin rose venu tout droit du Portugal.
Nous y passons une excellente derniere soiree, John partant tot le lendemain matin pour visiter les celebres temples de Hampi. De mon cote, je regrette simplement de ne pas avoir pris mon appareil photo avec moi cette fois-ci tant ce cafe est magnifique avec ses fresques murales, ses signatures gribouillees sur les murs et le plafond (!) et ses coquillages inseres directement sur les parois! Puis, finalement, une fois la bouteille vide et nos ventres pleins, nous decidons de rentrer. Je dis adieu a John, lui souhaitant bonne chance dans la suite de ses aventures cinematographiques, puis je passe la porte de ma chambre ou je me couche aussitot, la tete encore pleine de visions d'eglises, de chapelles et de saintes reliques...