La grandeur passee des manoirs de Chandor, et je me fais une tres grosse frayeur!
L'heure du check-out etant fixee a 9h00 du matin, je me leve une demi-heure plus tot et apres la douche, je fais mon sac et je laisse mes affaires a la reception. La proprietaire de cette tres charmante maison d'hote me propose de prendre le petit-dejeuner sur la terrasse situee sur le toit et je m'y rends aussitot. La, je fais la breve connaissance d'une jeune hollandaise qui me raconte avoir passe deux mois dans le Nord du pays comme benevole dans une ONG, et qu'elle compte a present profiter des quelques semaines qu'elle a de vacances pour visiter le pays. Je l'encourage vivement a le faire, tout en se... depechant car la periode de la mousson n'est plus tres loin!
Une fois que j'ai paye pour les deux nuits passees a Panaji, j'attrape mes affaires et je prends le chemin de la gare routiere. Juste avant d'y arriver, je m'arrete dans un cyber-cafe et quand j'en ressors, il est environ midi. Mon train ne partant qu'a 18h00 de la gare de Madgoan, je ne suis pas vraiment presse.
Des que j'arrive a la gare des bus, je trouve celui qui dessert la ville de Madgoan et j'y monte sans autre. Apres quelques minutes d'attente, le controleur me demande ou est mon billet et comme je ne savais pas qu'il fallait en acheter un avant de monter a bord, il me crie dessus pour que je descende. Je lui reponds sechement qu'il devrait rester poli et arreter de me parler comme ca, puis je descends alors qu'il semble a peine se calmer. A ce moment la, j'hesite a prendre un taxi surtout lorsque je vois la file d'attente devant le guichet, mais je decide d'etre patient, le trajet en bus coutant facilement vingt fois moins cher qu'en taxi. Et au bout de dix minutes, j'ai mon billet. Je monte aussitot dans un nouveau bus qui se remplit en quelques secondes et nous partons enfin pour Madgaon. Sur une des parois interieures je lis qu'il est interdit de fumer mais aussi de cracher a bord. Je me dis alors que les indiens ont un peu d'avance sur les chinois en ce qui concerne l'hygiene publique...
Apres une cinquantaine de minutes, nous arrivons a la petite est chaotique gare routiere de Madgoan, ou il fait evidemment une chaleur d'enfer et ou je dois me frayer un passage tant bien que mal entre les nombreux scooters et les bus multicolores pour pouvoir rejoindre l'arret des rickshaws.
Quand j'y parviens, je demande au premier conducteur que je croise combien il me demanderait pour m'emmener voir deux manoirs au village de Chandor situe une quinzaine de kilometres de la, mais aussi pour m'attendre puis pour me deposer a la gare ferroviaire de Madgoan. Il commence par me dire 350.00 Rupees. Je lui en propose la moitie, puis il descend a 300.00 Rupees mais je ne suis toujours pas content. Au bout d'une dizaine de minutes de pourparlers et comme je vois que tous les rickshaws semblent d'accord avec lui pour le prix, on se met d'accord pour 280.00 Rupees, ce qui n'est franchement pas si mal etant donne les distances a parcourir et le temps a attendre!
Et effectivement, des que nous commencons a avancer dans la campagne, je realise que le village de Chandor est bien plus eloigne que l'impression que l'on a en regardant la carte. Nous traversons toute une zone ou de belles maisons tres "a l'occidentale" sont baties le long de la route puis au bout d'une vingtaine de minutes a rouler sur une petite route de campagne, on arrive au centre du minuscule village de Chandor ou je remarque une chapelle blanche et une enorme maison de maitre situee sur le cote oppose de la place. Le conducteur du rickshaw me dit alors que nous sommes arrives devant le splendide manoir de la famille Braganza, le premier des deux que je compte visiter durant l'apres-midi.
Je passe la porte situee au rez-de-chaussee, je monte les marches menant au premier etage et je tombe sur deux portes closes, une a droite et l'autre a gauche. Comme j'entends des voix provenant de celle de gauche, je frappe et une vieille dame m'ouvre puis me fais entrer. Elle m'explique qu'elle vient de commencer a faire visiter sa maison (ou plutot l'aile du manoir appartenant a la famille Braganza-Menezes) a quelques touristes et que je peux sans autre me joindre a la visite.
Nous passons ainsi une vingtaine de minutes a marcher de piece en piece alors que la proprietaire nous montre le mobilier ancien, de nombreux vases chinois d'epoque, des plats en argent portugais, des chandeliers fabriques en Belgique et meme des chaises provenant directement de Buckingham Palace. Il y a aussi des tableaux montrant les ancetres de la famille et je regrette juste que les photos ne soient pas permises car bien que l'etat de la maison ne soit plus ce qu'il a ete, cela reste tres impressionnant, un comme un voyage dans l'histoire des anciennes grandes familles coloniales de Goa.
Une fois la visite terminee, on lui donne 100.00 Rupees chacun, puis je lui demande si il est possible de visiter l'autre aile du manoir appartenant a la famille Braganza-Pereira, ce qui evidemment, m'interesse encore plus! Elle m'accompagne donc a la porte voisine, elle sonne et peu apres, une autre vieille dame vient ouvrir et nous invite a entrer, moi et les trois autres visiteurs.
Des que nous commencons, je remarque que ce cote-ci de la maison, dont certains parties ont plus de 350 ans, est en plus mauvais etat que celle que je viens de visiter, sans doute du au fait que cette branche de la famille soit moins fortunee que l'autre. Et des que nous entrons dans la majestueuse grande salle de bal avec ses grands lustres, ses vitreaux colores et son marbre italien, j'ai un pincement au coeur en voyant l'etat du plafond qui tombe en morceaux. Je me dis aussi que si de tels tresors de l'histoire de Goa ne sont pas tres vite repris en main par l'etat, et que les familles des proprietaires n'ont pas les moyens de les entretenir, c'est tout un magnifique chapitre de la riche histoire des grands proprietaires terriens de la region qui va tomber en ruine.
J'en profite pour demander a la proprietaire si sa famille a des liens de parentee quelconques avec les Braganca du Portugal, la famille royale portugaise. Elle me repond que non, que la sienne est originaire de Goa uniquement. Je veux bien la croire mais j'ai tout de meme un peu de mal a comprendre comment un riche famille portant un nom portugais peut etre originaire d'une colonie sans rapport reel avec la puissance coloniale europeenne dont elle dependait...
Sur ce, nous continuons la visite en traversant une belle galerie lumineuse donnant sur un jardin qui aurait bien besoin de quelques soins. Apres cela, elle nous montre des objets insolites ramenes de plusieurs de ses voyages, ainsi qu'une bibliotheque contenant tous les grands classiques de la litterature, puis un vieux refrigerateur datant des annees cinquante et qui a l'epoque, manque d'electricite, fonctionnait au kerosene!
Finalement, elle nous emmene dans une des parties les plus anciennes de la maison, la chapelle, ou au dessus d'un petit autel, dans une minuscule vitrine en or et en cristal, se trouve une relique provenant directement du corps de Sant Francois-Xavier, plus precisement l'un de ses ongles!
Et c'est sur cet objet plus insolite que tous les autres reunis que se termine la visite de l'aile du manoir appartenant a la famille Braganza-Pereira. La aussi, nous lui donnons 100.00 Rupees chacun puis je pars retrouver mon conducteur de rickshaw qui attend depuis trois quarts d'heure (et avec mon grand sac a dos) que je veuille bien revenir.
Je lui dis de prendre la direction du second manoir et trois minutes plus tard, il me depose devant la facade de la maison de la famille Fernandes situee juste au bord d'une petite route en sortant du village de Chandor. La aussi, je passe la porte, etant seul cette fois-ci, et apres avoir sonne, une servante indienne vient m'ouvrir. Elle me fait monter et je suis rejoint peu apres par une femme d'un certain age marchant avec une canne, qui m'explique que son fils cadet, celui qui recois d'habitude les visiteurs, est parti a un enterrement. Mais elle se propose de me montrer sa belle et grande maison elle-meme puis m'invite a m'asseoir a ses cotes dans le grand salon tres richement decore. Je ne demande pas mieux!
Si parfois j'ai l'impression qu'elle perd un peu la tete, Mme Fernandes s'avere etre une femme tres interessante et appreciant l'humour, deja qu'il n'est pas toujours facile de comprendre le miens... Nous parlons de ses voyages au Portugal, de l'histoire de sa maison et des fetes qui y sont encore organisees tous les ans lorsque les jeunes des differentes familles catholiques de Goa s'y retrouvent pour danser toute la nuit au son des tam-tams tout en portant des vetements traditionnels hindus! Elle m'explique que si l'une des familles oublie d'envoyer un de ses garcons, elle sera maudite a jamais, du coup la fete annuelle semble promise a un bel avenir...
Nous traversons le salon dont les murs sont peints en bleu ciel, et entre deux jurons destines a ses servantes, elle me montre differents objets de son manoir mais au fond, je sens qu'elle a plus envie de converser que de reellement faire la guide. Puis, quand nous arrivons dans la chambre des invites, elle me dit qu'a l'epoque, les gens cachaient leur argent chez eux car il n'y avait pas de banque. Elle me met alors au defi de trouver les differentes cachettes dans le mobilier de la piece. Evidemment, j'en suis tout a fait incapable, ne sachant meme pas par ou commencer, et elle finit par me montrer toute une serie de tiroirs caches derriere de fausses parois et j'en passe. Je reste meduse devant tant d'ingeniosite!
Mais je ne suis pas au bout de mes surprises car elle m'emmene ensuite dans la partie la plus ancienne du manoir et elle commence a m'expliquer qu'a l'epoque, en cas d'attaque ennemie, il fallait pouvoir se defendre. Elle me montre alors une piece presque vide et me demande comment, a mon avis, il etait possible de tuer les assaillants depuis cet endroit. Je commence a chercher, sentant qu'elle trepigne d'impatience de me montrer et je decide d'ouvrir la porte de l'unique meuble qui se trouve a cet endroit, c'est a dire la panderie. Et la, je remarque une trape dans le plancher en bois, je le souleve et je decouvre un escalier menant a l'etage inferieur. Elle me dit de descendre et comme elle ne peut pas m'y accompagner en raison de ses jambes fatiguees, ce sont ses deux servantes qui me servent de guide. Elles m'expliquent alors le systeme ingenieux de trous dans les murs servant a tirer sur l'ennemi depuis la petite piece cachee au sous-sol, comme dans un bunker. De cette facon, si les assaillants s'approchaient de la cachette de la famille, ils recevaient des tirs sans pour autant savoir d'ou ils provenaient.
Lorsque je remonte, je lui fais part de mes impressions et juste avant de repartir, je lui pose a mon tour une devinette. Il y a en effet un objet chez elle, dans son grand et beau manoir, que je possede aussi et j'aimerais qu'elle me dise si elle a devine lequel. Elle parait perplexe, ne sachant vraiment pas quoi me repondre jusqu'a ce que je lui montre la planche a decouper la viande ou figure le fameux "Coq de Barcelos", l'un des symboles du Portugal figurant sur de nombreux objets touristiques. Elle part dans un fou-rire, ne s'attendant pas vraiment a cela, puis nous prenons une photo ensemble a cote du fameux objet, certainement le moins cher de toute la maison...
Mme Fernandes se met ensuite a me parler de ce maudit Salazar (le dictateur portugais au pouvoir dans les annees soixante) qui laissa Goa tomber aux mains des indiens sans rien faire pour les arreter, etc... etc... Mais je l'interromps en lui disant que tout cela c'est de l'histoire ancienne, que l'on ne peut plus rien y changer et que je dois y aller car mon pauvre conducteur de rickshaw doit commencer a se poser des questions! Elle me demande alors de signer son registre des visiteurss tout en laissant un petit mot d'appreciation, ainsi qu'un billet de 200.00 Rupees. Elle me donne encore sa carte au cas ou des amis a moi souhaiteraient lui rendre visite dans son superbe manoir puis je repars avec l'impression d'avoir eu un apres-midi riche en decouvertes en tous genres...
Vers 16h30, le rickshaw me depose devant la gare de Madgoan, et je lui donne finalement 300.00 Rupees me sentant un peu mal a l'aise de l'avoir fait attendre aussi longtemps, sans parler des distances parcourues qui se sont averees bien plus longues que prevues. Je prends alors mes affaires et je monte sur le quai encore desert a cette heure-ci, le prochain train (le miens) n'etant pas prevu avant 18h00.
Comme je n'ai rien mange depuis le petit-dejeuner, je prends une table dans la salle a manger peu engageante du restaurant de la gare ou je commande un peu de poulet avec du riz et une bouteille d'eau. Puis, une fois mon maigre et peu succulent repas termine, je fais un crochet par le bureau d'information afin de me renseigner sur le quai ou doit arriver mon train, ainsi que la position ou est sense s'arreter mon wagon.
Il ne me reste alors plus qu'a aller prendre place au bout du quai et attendre que l'heure arrive. Je pose ainsi mes affaires a l'ombre d'une petite fontaine et j'en profite pour ecrire quelques cartes postales alors que le soleil commence deja a descendre sur l'horizon, rendant la chaleur un peu plus supportable.
Peu apres, pendant que je suis assis sur le quai, appuye contre mes sacs a dos, je remarque la presence d'un vendeur de the ambulant et je ne manque pas l'occasion de lui commander un petit chai bien sucre que je bois tout doucement, profitant bien de chaque gorgee. Je me brosse encore les dents a la fontaine a cote de laquelle je me trouve et au moment ou je commence a me dire que le quai s'est bien rempli, j'entends le train qui entre en gare avec une vingtaine de minutes d'avance... Decidement, je me dis que les dirigeants d'Indian Railways ont decide de battre leurs confreres suisses au jeu de la ponctualite, ce qui constitue pour moi une enorme mais aussi tres agreable surprise!
Mon wagon s'arretant precisement a l'endroit prevu, je suis le premier a monter a bord et je trouve rapidement ma couchette situee en hauteur le long du couloir dans la section climatisee. J'y jette mes affaires puis j'attends, assis sur le siege inferieur, que tous les passagers soient a bord et que l'heure du depart arrive.
Nous partons a 18h00 precises et peu apres, le controleur passe verifier les billets et les reservations de chacun. La, il me demande si je peux echanger ma place contre celle d'un grand-pere qui voyage avec sa famille, celle-ci occupant le compartiment a cote d'ou je me trouve. J'accepte aussitot et je deplace mes affaires. Je prends place sur mon nouveau siege et au moment ou je tate par hasard le cote droit de mon short, je remarque une chose qui me glace aussitot le sang : ma poche est vide, mon porte-monnaie que je garde toujours accroche a cet endroit a disparu avec mon argent, mes cartes de credit, mon permis de conduire, ainsi que quelques objets personnels!
Pendant les secondes qui suivent, je n'arrive pas a realiser qu'un truc pareille soit en train de m'arriver a moi deja que je suis du genre tres prudent avec mes affaires, verifiant regulierement que tout est a sa place et que personne de louche ne me colle de trop pres. Pourtant, j'ai beau chercher partout, dans mes affaires, derriere et sous les sieges, je ne trouve rien. De plus, le train a quitte la gare depuis une dizaine de minutes, ce qui fait que si je l'ai laisse tomber sur le quai, je ne peux plus rien y faire. Les autres passagers me voient chercher sur le sol et m'aident egalement apres que je leur ai explique ce qui se passe. Meme le controleur s'en mele mais je dois me rendre a l'evidence, on m'a vole mon porte-monnaie, ou alors je l'ai perdu mais une chose est sure, il n'est plus en ma possession.
Ne cedant pas a la panique, je recapitule ce que j'ai perdu et ce qu'il me reste. Mon passeport est toujours la, et c'est bien le plus important, ainsi que ma carte Visa et environ 300.00 Dollars que je gardais de cote au cas ou une situation comme celle-ci arrivait. Par contre j'avais 200.00 Dollars dans mon porte-monnaie que j'avais oublie de ranger la veille. J'avais aussi plus de 2500.00 Rupees en liquide, ma carte de debit Maestro, mes cartes de credit American Express et Master Card et surtout ma piece porte-bonheur qui m'a ete offerte il y a quinze ans par ma meilleure amie Virginie et qui ne m'a jamais quitte depuis ce jour-la! Ca me deprime rien que d'y penser mais je dois agir, et vite!
Je commence donc par appeler Gabriela et je lui demande de contacter la compagnie gerant mes deux carte de credit perdues (ou volees) pour les bloquer immediatement. J'envoie aussi un message a Alain pour qu'il bloque ma carte Maestro mais la, je m'inquiete moins car sans code, elle est inutilisable. Je passe ensuite une dizaine de minutes a faire le point sur les moyens financiers qu'il me reste et je realise que finalement, je m'etais assez bien prepare a affronter un tel evenement car avec ma carte Visa et le cash qu'il me reste dans mon "stock d'urgence", je devrais pouvoir m'en sortir. Je garde donc la tete froide mais je ne peux m'empecher de fouiller dans ma memoire pour essayer de comprendre comment une telle chose a pu m'arriver. Je realise rapidement que la derniere fois que j'ai sorti mon porte-monnaie c'etait pour payer le chai sur le quai mais il n'y avait personne d'autre autour de moi. Il ne reste que deux options : l'action d'un pickpocket pendant que je me brossais les dents penche sur la fontaine, ou alors au moment ou je montais dans le train. Mais la aussi, ce ne colle pas car je me souviens etre monte absolument tout seul dans le wagon. J'ai beau chercher, je ne trouve pas et ca m'enerve, surtout le fait de m'etre fait avoir comme un debutant alors que je voyage seul depuis des mois sans le moindre probleme.
En fin de compte, je ne peux qu'essayer de relativiser, me disant que ca aurait pu etre pire, bien pire! Ca me chagrine surtout d'avoir perdu cette precieuse piece porte-bonheur ainsi qu'une image de la Vierge Marie que ma mere m'avait donne il y a longtemps pour qu'elle me protege. Je me mets alors a regarder par la fenetre du train, voyant le paysage defiler en me demandant comment et pourquoi ca m'est arrive, comme si le Ciel, mon ange gardien qui m'a si souvent aide depuis le debut de mon voyage, depuis toujours en fait, avait eu un moment d'egarement me laissant dans une situation peu confortable, bien que loin d'etre tragique, j'en suis bien conscient.
Tout en etant plonge dans ces pensees plus divines que pratiques, je decide de verifier si par hasard, il n'y aurait rien dans mes chaussures (alors que celles-ci sont posees sous mon siege) juste au cas ou mon porte-monnaie aurait glisse et serait tombe a l'interieur. Malheureusement, elles sont desesperement vides.
Et la, comme un petit miracle que je ne m'explique absolument pas, alors que je suis penche sur mes baskets, je remarque un objet de couleur noir pose juste sous le siege devant moi, la meme ou j'avais deja verifie deux fois aupararavant, y compris avec l'aide de ma lampe de poche. Je tends la main et je recupere ainsi mon cher porte-monnaie. Je l'ouvre, les doigts presque tremblant d'excitation et je constate qu'il n'y manque rien, tout est la, comme si rien ne s'etait passe!
Je ne peux m'empecher de me laisser tomber sur mon siege, un immense poids venant soudain de quitter mes epaules. Je m'empresse de dire a mes voisins indiens que je l'ai retrouve et le grand-pere me dit que grace a Dieu, tout est revenu dans l'ordre. Et je crois qu'il n'a jamais eu autant raison...
Quoi qu'il en soit, chance, inattention, moment d'egarement ou miracle, je ne saurai jamais ce qui s'est passe, ni comment j'ai perdu mon porte-monnaie, ni comment il est reapparu la, juste sous mes yeux. Mais au fond, ca n'est pas grave et l'essentiel c'est que je peux souffler et continuer mon voyage dans les meilleures dispositions possibles, et ce meme si les deux cartes de credit bloquees sont annulees pour de bon et inutilisables jusqu'a mon retour en Suisse. Mais c'est vraiment un moindre mal, et je peux alors m'allonger sur ma couchette superieure et pousser un grand, un tres grand ouf de soulagement alors que tout se remet peu a peu en place!
C'est en tachant de me replonger dans la lecture de mon roman que je passe les deux heures suivantes. Apres un tel rush d'adrenaline, j'avoue avoir tout de meme un peu de mal a me concentrer. Puis, peu apres, un employe de Indian Railways me demande si je veux commander a manger. Je lui dis que oui et vers 21h00, il m'amene un plat de egg-biryani, une specialite indienne constitue de riz epice et d'oeufs cuits.
Lorsque je termine mon repas, je commence a avoir un peu froid sur ma couchette en raison de la climatisation qui tourne a plein regime, de quoi me faire presque regretter les wagons surchauffes de la classe "sleeper". Je tire le rideau me separant du couloir, je prends les deux draps mis a disposition et je me couche, essayant de trouver une position adequate pour dormir deja que j'ai les jambes coincees par la presence de mes deux sac a dos poses au fond de ma couchette. Peu apres, je sens que tout le monde se couche aussi dans le reste du wagon car je n'entends presque plus de bruit, les lumieres s'eteignent une a une alors que les ronflements commencent a se faire entendre...
De mon cote, il me faut un moment avant de trouver le sommeil, mille choses me passant toujours par la tete. Je fais une petite priere de remerciement, chose rare avant d'aller me coucher, puis je me couvre le mieux possible pour tacher de dormir au moins quelques heures, l'arrivee a Mumbai etant prevue a 6h00 du matin!