Entre Buenos Aires et Le Caire, il y a un monde... La planete Terre que j'ai eu un plaisir immense a parcourir!
Pour mon tout dernier jour de voyage avant le grand retour, je me reveille peu apres 7h00 du matin, et je reste ainsi au lit une petite heure a penser a ces six mois qui ont si vite passe, et a mon retour qui s'annonce imminent. Puis, apres la douche, je prends mon petit-dejeuner dans la salle commune de l'auberge tout en regardant les nouvelles sur BBC World histoire de me remettre un peu dans le bain de la realite du monde et de ceux qui le font.
Apres cela, je passe une bonne partie de la matinee sur le net avant de revenir dans ma chambre vers 11h30 ou je fais mon sac pour la toute derniere fois, un rituel qui, avec le temps, est devenu partie integrante de mes journees. Une petite corvee presque quotidienne qui me prenait au debut quasiment une demi-heure et que je fais maintenant en deux ou trois minutes, et presque les yeux fermes tant je me suis habitue a ranger chaque chose au bon endroit afin que ce satane sac puisse se fermer sans trop de probleme...
Peu avant midi, je fais le check-out puis je descends sur les trottoirs de Talaat Harb, la rue principale du centre ville du Caire. La, constatant qu'il ne me reste que quelques Livres egyptiennes en poche, je trouve une boutique ou le proprietaire accepte de me changer une coupure de 10.00 Dollars. Avec ca, je m'achete une bouteille d'eau et une barre chocolatee, mon petit-dejeuner semblant avoir ete digere par mon organisme il y a bien longtemps deja!
Marchant sous un beau ciel bleu avec mes sacs sur le dos, je me retrouve peu apres sur les abords du grand batiment rose abritant le celebre "Musee du Caire" que je n'ai finalement pas pris le temps de visiter. Il faut dire que j'ai entendu tellement de commentaires negatifs a son sujet et a la facon dont les objets issus des l'Egypte antique y sont entreposes que je n'ai pas vraiment de regrets, la visite des pyramides ainsi que des nombreux autres grands temples du pays m'ayant amplement satisfait.
Longeant les avenues bondees de la capitale egyptienne, et repoussant les offres des chauffeurs de taxi qui veulent tous m'emmener a l'aeroport pour un "cheap price!", je finis par atteindre la petite gare routiere du centre ville situee sous les ponts de l'autoroute qui surplombe le quartier. Bien qu'il ne fasse pas aussi chaud qu'en milieu de semaine, la temperature avoisine tout de meme les 35 C et c'est avec les vetements trempes de sueur que je finis par trouver le quai ou sont senses partir les bus pour l'aeroport. La, on me donne des informations peu claires dans un anglais tres approximatif mais finalement, apres une vingtaine de minutes a attendre, on me montre un vieux bus vert qui est sur le point de partir et on me dit que c'est celui-la. Je me depeche alors de monter a bord, me frayant un passage entre les autres passagers qui se jettent aussi sur la porte du bus, et je parviens meme a trouver un siege libre!
Pendant le long trajet menant a l'aeroport, celui-ci etant tout de meme situe a une trentaine de kilometres du centre ville, je m'endors plusieurs fois, la fatigue provenant soit de la chaleur et du manque de sommeil de ces derniers jours, soit de la retombee d'adrenaline avec la fin de ce long voyage qui approche. Et pendant que je regarde les paysages surpeuples des faubourgs du Caire defiler devant mes yeux, je me demande si j'aurais pu voyager comme ca encore tres longtemps. Je realise que je me sens un peu comme un coureur de fond qui, lors d'une course, trouvera toujours le dernier kilometre comme etant le plus epuisant, peu importe la distance parcourue. Peut-etre que si j'avais prevu de voyager un an, je ne me sentirais pas aussi fatigue au moment de franchir l'etape des six mois... Mais la, sachant que je touche au but et que la ligne d'arrivee est toute proche, je sens mon esprit se rejouir de rentrer pour se reposer enfin un peu, le rythme impregne depuis le 2 janvier dernier ayant parfois ete supersonique!
C'est donc peu avant 14h00 que le bus me depose a la gare ferroviaire de l'aeroport. Je descends puis je remonte a bord d'une navette qui me mene au tout nouveau Terminal 3. Comme dans la plupart des aeroports du monde, je suis d'abord oblige de montrer mon billet d'avion puis scanner mes bagages avant meme de pouvoir penetrer dans le terminal, les mesures de securite semblant etre de plus en plus severes. Je trouve ensuite rapidement les comptoirs de check-in de Swiss et une fois que mes bagages sont enregistres, je pars avec ma carte d'embarquement en poche passer le controle d'immigration pour recevoir le dernier tampon d'une longue liste commencee a Buenos Aires il y a presque six mois.
Comme j'ai un peu de temps devant moi, je me balade dans les couloirs de cet aeroport ultra-moderne, l'un des plus grands du continent africain, jusqu'a trouver une table dans la zone des restaurants ou, grace au peu d'argent qu'il me reste, je m'achete une part de pizza et un petite bouteille d'eau. A travers les vitres fumees du terminal, je vois alors le fuselage du bel appareil de Swiss devant me ramener a la maison qui attend deja a la porte d'embarquement voisine. Et je realise alors que c'est la premiere fois depuis mon court sejour a Sao Paolo debut mars que je vois un avion aux couleurs de la compagnie nationale suisse!
Vers 15h30, je decide de me diriger vers la salle d'attente et j'ai un pincement au coeur en voyant le panneau d'information indiquant que le vol LX237 pour Zurich est pret pour l'embarquement. Un vol qui pendant longtemps est reste au fond de la liste figurant sur mon e-ticket et qui se presente maintenant devant moi, pile a l'heure, le Jour-J pour me ramener la ou tout a commence, pour boucler la boucle debutee un matin glacial de janvier sur la piste de l'aeroport de Kloten. Et si je suis partage entre un sentiment de joie, de soulagement et de tristesse a l'idee que cette aventure se termine aujourd'hui meme, c'est surtout celui de savoir que malgre de nombreux obstacles, je suis parvenu a etre a l'heure pour la derniere ligne droite, le dernier troncon entre Le Caire et Zurich, et ceci en etant en pleine forme, en bonne sante et la tete remplie de magnifiques souvenirs!
Lorsque je monte a bord de l'appareil, tout me semble tellement propre et bien range avec le logo rouge a croix blanche de la compagnie imprime un peu partout que j'ai l'impression de mettre le pied en territoire Suisse avant meme de quitter le sol egyptien. Je trouve ensuite un exemplaire du magazine "L'Hebdo" qui, en me plongeant dans sa lecture, me fait me sentir encore plus pres de la maison! Puis, a 16h13, nous decollons, laissant le desert egyptien et la longue vallee du Nil derriere nous pour survoler le delta du fleuve, la baie d'Alexandrie et les cotes Nord du continent africain, avec le bleu infini du ciel et de la Mer Mediterranee comme seuls compagnons, et les terres de l'Europe, du Vieux Continent comme seule destination.
Pendant ce vol d'une duree de quatre heures, je suis plus occupe a manger et a regarder les programmes du systeme video de l'avion qu'a reellement repenser a ces six derniers mois et a faire le bilan de ce beau voyage qui vit ses dernieres heures. En realite, je ne me rends pas vraiment compte que ce 29eme vol est aussi le dernier, comme si le retour a la realite n'etait pas encore pour aujourd'hui. Je profite donc du repas servi a bord, puis je regarde quelques episodes de series humoristiques ainsi qu'un reportage consacre a mon joueur de tennis prefere qui s'avere aussi etre suisse... Et c'est ainsi que les heures passent rapidement et que le capitaine nous annonce que nous venons d'entamer la descente sur Zurich alors que j'admire les premiers sommets des Alpes ainsi que les valles verdoyantes et les lacs de montagne bleu-azure a travers le hublot de l'avion. Et apres ces dernieres semaines passees essentiellement dans les regions desertiques d 'Ouzbekistan, de Turquie, de Syrie, de Jordanie et d'Egypte, je realise que je n'ai jamais trouve la Suisse aussi verte, et aussi belle!
C'est finalement a 18h51 tres precises que nous atterrissons sur la piste de l'aeroport de Zurich-Kloten sous un grand et beau ciel bleu, les retours sous la pluie etant toujours horriblement deprimants. Mais la, avec cette belle nature verdoyante et ce temps estival, je ne me sens pas deprime le moins du monde, bien au contraire! Je repense alors a ce lointain samedi 2 janvier ou j'avais quitte le sol helvetique a 7h20 du matin alors que le soleil ne s'etait pas encore leve. Un decollage fait a partir de la meme piste ou je viens tout juste d'atterrir, comme une facon de refermer la boucle le plus parfaitement possible.
Je recupere mon petit sac a dos et en sortant de l'avion, je sais que mon periple est definitivement termine! Je suis de retour dans mon pays d'adoption, celui qui sera aussi tres bientot le miens, le passeport rouge a croix blanche m'etant promis pour les semaines a venir. Je traverse ensuite le terminal, je monte a bord du petit train souterrain menant au batiment principal de l'aeroport ou une jolie Heidi nous souhaite la bienvenue au pays des vaches et des montagnes, puis je me retrouve devant les comptoirs de l'immigration. La, j'ai beau demander et insister pour que le douanier me tamponne la derniere page de mon passeport en souvenir de ce jour memorable, celui-ci refuse pretextant que la loi interdit aux pays de l'espace Schengen de le faire entre eux. Tant pis, je ne suis pas au dessus des lois et en fin de compte, cela ne change pas grand chose. Je suis de retour et je n'ai surement pas besoin de ca pour me le rappeler...
A peine ai-je eu le temps d'allumer mon telephone portable que certains de mes amis m'appellent deja pour me souhaiter la bienvenue, ce qui me touche enormement. J'appelle aussi mes parents au Portugal pour leur dire que je suis rentre, au plus grand soulagement de ma mere qui trouve toujours mes idees de voyage un peu folles, et tres dangereuses surtout. Mais ainsi sont toutes les mamans...
Puis, lorsque je recupere mon grand sac a dos et que je passe le poste de douane, je suis tres chaleureusement accueilli par ma chere Gabriela qui semble etre aussi heureuse que soulagee de me voir rentrer en bonne sante et en un seul morceau... J'ai meme droit a des fleurs de sa part ainsi que de ses parents et son frere qui ont tres gentiment fait le deplacement pour venir me souhaiter la bienvenue en Suisse!
EPILOGUE
Voila, deux jours apres etre rentre, et avec les idees un peu plus claires, je peux enfin commencer a realiser ce que je viens de vivre au travers de ce beau voyage a quoi rien ne peut jamais totalement nous preparer. Un peu comme les pages blanches d'un livre qui s'ecrivent toutes seules au gre des rencontres et des lieux visites tout au long de ces six mois a parcourir la terre sac a dos et en solitaire.
Et si j'avais ete emerveille par mon premier tour du monde il y a trois ans, je le suis tout autant cette fois-ci. Avec du recul, je pense qu'il m'aura fallu une dizaine de jours pour me mettre dans le bain et que mon court sejour a Mendoza aura ete le vrai debut du depaysement, les payages montagneux de Patagonie (aussi beaux soient-ils) traverses durant la premiere semaine etant trop proches de ceux que j'ai l'habitude de voir pour cela. Apres, tout le reste du continent sud-americain ne fut qu'une succession de paysages et de villes incroyables, a l'exception toute fois de Brasilia qui restera vraiment comme la plus laide des capitales qu'il m'ait ete donne de voir! Et si le Bresil, sans doute mon pays prefere, et la Bolivie furent de belles confirmations par rapport a ma premiere visite en 2007, la Colombie et le Mexique furent de magnifiques surprises, voire meme des revelations tant j'y ai aime les paysages et les gens qui peuplent ces deux pays consideres parfois comme dangereux mais qui regorgent de tresors en tous genres!
Evidemment qu'apres la culture latino-americaine, le choc fut assez violent lorsque le moment de traverser le Pacifique arriva. Et si le Japon restera comme un excellent souvenir, ce pays et surtout sa capitale etant vraiment extraordinaires a tous les sens du terme, j'avoue avoir eu beaucoup de mal avec une certaine partie de la population chinoise que j'ai souvent trouvee sale et simplement aux antipodes des mentalites que j'ai l'habitude de cotoyer. Pour ne rien arranger, le temps y etait souvent froid et humide en ce mois d'avril, ce qui n'arrangeait rien. Malgre tout, je garderai un excellent souvenir de la Cite Interdite, de la place Tian Anmen et de la fabuleuse Grande Muraille! Apres, mon court sejour dans les regions autonomes de Hong Kong et Macao fut excellent, ces deux villes ayant garde enormement de charme issu de leur passe colonial. Quant a mon passage au Vietnam, et meme si je n'ai pas d'affinites particulieres avec les pays du Sud-Est asiatique (ce que je ne m'explique pas vraiment), il restera surtout dans ma memoire pour le plaisir d'avoir retrouve Gabriela et mettre ainsi une parenthese bienvenue dans la solitude qui parfois caracterise un tel voyage.
L'Inde fut, comme toujours, une explosion de sens, un festival de sensations aussi belles que terribles dans un pays connu pour ses contrastes incessants, sa beaute et sa laideur, et tout ce qui fait qu'un sejour dans le sous-continent ne vous laisse jamais totalement ni indifferent, ni indemne! Je m'y suis senti parfois epuise et demotive a cause de la chaleur et de l'humidite extreme, sans parler de la misere visible partout et presque tout le temps. Mais je me suis aussi senti tres bien et a l'aise dans de magnifiques endroits comme le Kerala, Fort Cochin ou Goa, la ou la vie prend des allures plus lentes et moins folles que partout ailleurs dans cet immense pays que j'ai, une fois de plus, adore visiter. Car si l'effort consenti est parfois lourd a porter, la recompense n'en est que plus appreciable!
Mon sejour en Ouzbekistan, un pays qui me faisait rever depuis mon enfance, fut tres positif. Et si les problemes de communication avec la population fut le plus grand obstacle, les villes historiques que sont Samarkand, Khiva et Bukhara sont des joyaux inestimables! Et puis il y a ce drole de melange dans la culture du pays entre les traditions d'un pays musulman et l'heritage laisse par les sovietiques comme la presence franchement derangeante de la police (corrompue et souvent inutile) a tous les coins de rue, ainsi que dans les stations de metro. Mais fort heureusement, j'ai toujours reussi a eviter de tomber dans les pieges a touristes en ayant un minimum de bon sens et en gardant profil bas. Du coup, je suis reparti avec de superbes images de mosquees bleues plein les yeux!
Avant mon depart, on m'a souvent demande pourquoi je tenais tant a visiter les pays du Proche-Orient et je pense que les gens qui m'ont pose la question doivent a present comprendre mes motivations. Entre la Turquie et l'Egypte, je n'ai cesse d'etre surpris et emerveille, autant par les paysages naturels que par les villes historiques, sans parler de l'incroyable gentillesse des populations locales et leur sens legendaire de l'hospitalite et de la tolerance envers les autres cultures. Et dans une region souvent ravagee par les guerres au nom de la religion, j'ai ete stupefait par les discours d'acceptation de l'autre et la presence de nombreuses eglises et leurs clochers jouxtant les minarets des mosquees, plus belles les unes que les autres. Et comment ne pas tomber en admiration devant le centre historique d'Istanbul, la Citadelle d'Alep, la Grande Mosquee de Damas, les ruines fabuleuses de Petra ou les legendaires pyramides de Gizeh? Non, le Proche-Orient est vraiment une region incroyable du monde, le berceau de tant de civilisations que je ne pouvais l'ignorer. Et a aucun moment je m'y suis senti en danger ou mal accueilli, bien au contraire!
Evidemment, dans tous ces pays, aussi beaux et interessants soient-ils, il y a des problemes autant demographiques qu'ecologiques. Et je ne sais pas combien de fois j'ai eu un pincement au coeur en voyant des rivieres transformees en depotoires, des prairies recouvertes de plastiques, autant des bouteilles que des sacs, et des plages souillees par les galets de petrole ou par les habituels dechets jetes par dessus bord et que les vagues finissent toujours par ramener sur la cote. Les populations d'enormement de pays sont en constante progression et avec les besoins en petrole et en eau, je ne sais pas combien de temps encore certaines zones du monde pourront etre habitees. Les catastrophes ecologiques comme la disparition de la Mer d'Aral sont la pour nous rappeler que la course au profit aux depens de la nature est une erreur a ne pas reproduire, et que si certains ne pensent qu'a court terme, nous nous devons tous de vivre et adapter notre style de vie en pensant a long terme et aux generations futures.
Mon second voyage autour du monde s'est donc termine en ce dimanche 27 juin et grace a Dieu, il s'est merveilleusement bien passe. Je rentre en etant le meme tout en sentant que des changements profonds se sont operes dans ma personnalite. Mais je veux garder tout ce que j'ai vu, les bonnes et les mauvais choses, les belles experiences et celles plus penibles car j'ai surtout conscience d'avoir enormement de chance de pouvoir voyager ainsi, de m'etre donne les moyens de le faire. Et quand certains pensent qu'il s'agit d'un gaspillage de temps et d'argent, moi je le vois comme un investissement personnel pour le futur, pour mon futur en tant qu'etre humain. Et je terminerai par ce celebre proverbe qui dit : "Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage".
C'est drole mais je crois ne m'etre jamais senti aussi proche d'Ulysse!
