Sur les flots du Nil pour une lente mais belle balade a bord du "Nubia Nights"...
Meme lorsque je peux rester au lit aussi longtemps que je le souhaite, c'est tout de meme a 8h00 du matin que je me reveille! Je traine un peu puis je descends prendre le petit-dejeuner qui se resume a du pain, du fromage blanc, un oeuf cuit et du the... Je remonte ensuite dans ma chambre ranger mes affaires et je fais le check-out juste avant 10h00. Apres cela, je pars deposer mon grand sac a dos a la reception de l'hotel jouxtant le miens, la ou j'ai reserve la descente en bateau, puis je passe les deux heures suivantes dans un internet-cafe.
Vers midi, je m'arrete dans une epicerie pour acheter deux grandes bouteilles d'eau qui me seront bien utiles lors de ma petite croisiere sur le Nil, puis je longe les trottoirs deja surchauffes d'Assouan jusqu'a retrouver Marius, Julia et Mark a l'endroit et a l'heure convenus. Peu apres, un type vient nous chercher en nous disant qu'il est le proprietaire du bateau et qu'un taxi nous attend en bas afin de nous emmener. Nous montons a bord avec nos nombreux sacs et roulons quelques minutes jusqu'a nous retrouver sur les berges du Nil ou sont amarrees deux "fellucas", la premiere des deux nous etant reservee.
Une fois que nous montons a bord du "Nubia Nights", le nom de notre petit bateau a voile typique de la region, nous faison la connaissance de Salam, le capitaine ainsi que de ses deux jeunes matelots. Ils nous semblent immediatement sympathiques et nous demandent si l'on veut acheter de la biere. Personnellement, je refuse deja que je n'en bois jamais mais mes trois compagnons sont d'accord et nous attendons donc une vingtaine de minutes, couches sur le grand matelas occupant tout l'espace centrale du bateau, jusqu'a ce qu'un des matelots revienne avec les douze canettes de biere. Il les place dans une glaciaire qu'il rempli a moitie avec de l'eau fraiche du Nil et j'y depose egalement mes deux bouteilles d'eau afin qu'elles se rechauffent le plus lentement possible, la temperature exterieure avoisinant de nouveau les 48C en ce tres chaud mercredi de juin! Puis, une fois que tout le monde est pret, nous larguons les amarres et commencons notre descente du Nil, profitant aussitot de la fraicheur naturelle du fleuve et de la brise creee par notre mouvement.
Il est presque 14h00 et voila un bon moment que j'ai le ventre qui crie famine! Je m'installe alors sur le grand matelas central pendant que l'un des deux matelots (celui faisant office de cuisinier) se met a decouper des tomates et du pain. Du coup, rien qu'a l'idee que nous allons bientot manger, je me sens deja mieux! Et apres avoir descendu le fleuve sur environ un ou deux kilometres a peine (le vent contraire nous empechant d'aller plus vite et le courant n'etant pas tres puissant), nous nous arretons sur la berge opposee ou, pendant que le capitaine s'eloigne pour prier en direction de La Mecque, le matelot en charge nous sert le repas de midi, soit tous les ingredients necessaires pour faire des sandwichs au thon, concombres et tomates! On nous offre aussi un verre de Sprite (tiede!) chacun, puis un the chaud pour finir ce petit repas simple mais bon, surtout lorsque l'on a le ventre vide!
Apres une heure ou nous restons amarres, nous remontons l'ancre et continuons a voguer lentement sur les flots du Nil, le capitaine Salam dirigeant la manoeuvre afin de descendre au mieux contre le vent, tout en evitant les immenses bateaux de touristes qui font la croisiere habituelle entre Louxor et Assouan, ou l'inverse.
Une chose est sure, la temperature est bien plus agreable sur l'eau que dans la ville ou au milieu du desert, et je suis d'autant plus content d'avoir decide de suivre mes trois compagnons americains Mark, Julia et Marius dans cette descente du Nil sur ces "fellucas" dont la silhouette n'a pas beaucoup change depuis l'Antiquite!
En milieu d'apres-midi, et comme le capitaine s'est refugie dans sa minuscule cabine pour faire la sieste et que le premier matelot est occupe a ranger la voile et a ouvrir le drapeau de Bob Marley, l'equipage etant fan de Reggae (et de ce qui se fume souvent en l'ecoutant...), je me porte candidat pour m'occuper du gouvernail, la manoeuvre n'etant pas vraiment difficile a cette allure d'escargot!
Malgre tout, le danger n'est pas totalement exclu avec tous ces gros bateaux qui montent ou descendent le Nil et meme si je prends ca comme un jeu, je tache de rester le plus concentre possible, laissant la "felluca" deriver sur son cote babord en la gardant perpendiculaire au cours du fleuve. Et lorsque le capitaine Salam revient sur le pont, il me felicite pour mon introduction dans le monde merveilleux des marins d'eau douce, avant de reprendre lui-meme le gouvernail.
En fin d'apres-midi, nous faison un nouvel arret sur les berges du fleuve alors qu'au loin, nous arrivons encore a apercevoir les immeubles d'Assouan, nos quelques heures de navigation nous ayant fait a peine descendre cinq ou six kilometres! Mes compagnons en profitent pour piquer une tete dans le Nil mais de mon cote, entre le fait que je doute de la proprete des eaux en aval d'une ville comme Assouan, et que mon short de bain se trouve tout au fond de mon grand sac a dos, cache lui-meme au fin fond de la cale, je decide de tremper simplement les pieds pour me rafraichir.
Je passe l'heure suivante a somnoler sur le matelas central alors que les trois americains partent se balader dans les parages, et que l'equipage s'eloigne pour prier, puis pour fumer quelques joints... Lorsque mes compagnons de croisiere reviennent, Julia me conseille d'aller voir le systeme ingenieux utilise par les paysans pour pomper l'eau du fleuve. Je suis un peu sceptique au depart puis je me laisse convaincre, decouvrant au milieu d'un champs, une vache en train de tourner autour d'un axe qui lui-meme fait tourner une roue creuse qui fait remonter l'eau. C'est joli a voir et tres typique mais je me dis aussi que si elle sortait de temps en temps de New-York, Julia ne ferait pas tout un fromage pour une scene aussi simple et surtout tres habituelle dans ces contrees...
Peu apres etre revenu a bord du "Nubia Nights", l'equipage nous rejoint enfin et nous repartons, le vent nous permettant d'ouvrir la grande voile et prendre enfin un peu de vitesse. Nous croisons alors plusieurs autres "fellucas" avec leurs magnifiques voiles blanches qui descendent le fleuve, transportant elles aussi de petits groupes de touristes sur les eaux mythiques du Nil. Au loin, le soleil commence deja a descendre derriere les dunes du desert de l'Ouest et si certaines zones entourant le fleuve sont cultivees sur plusieurs kilometres, d'autres ne le sont pas du tout, la distance entre le fleuve et le desert se resumant a un ou deux metres a peine!
Avec la journee qui touche a sa fin, notre sympathique equipage se met alors a sortir quelques instruments de musique et a chanter, avant de nous demander si l'on a pas quelques tubes de Reggae dans nos i-Pods respectifs. Et ils sont d'autant plus gais lorsque Mark branche le siens sur de petites enceintes de voyage qui transforme aussitot l'ambiance egyptienne du bateau en petite fete jamaicaine! Notre capitaine nous parle alors de sa famille et du fait qu'il a trois jeunes enfants, alors que les matelots me parlent de la difficulte de rencontrer des filles de leur age dans la vie quotidienne tres traditionnelle du grand Sud egyptien.
Nous passons ensuite sous un grand pont routier reliant les deux berges du fleuve et qui est magnifiquement eclaire en ce debut de soiree. Nous descendons encore le Nil sur quelques centaines de metres avant que le capitaine Salam nous annonce, a notre plus grande surprise, que nous allons nous arreter pour la nuit. Le bateau se dirige alors vers les berges ou nous accostons sur une petite plage de sable eclairee simplement par le clair de lune. Je regarde mes trois compagnons et nous comprenons aussitot que la croisiere jusqu'a Louxor (ou presque...) s'arrete en fait la, soit une quinzaine de kilometres en aval d'Assouan, le bus etant sense nous recuperer a cet endroit precis le lendemain matin a 8h30 afin de nous emmener a notre destination.
Si nous sommes legerement decus de ne pas avoir parcouru une distance un peu plus importante, nous restons tout de meme satisfaits de cette journee passee dans une ambiance bien plus fraiche et relax que si nous etions restes a Assouan. Puis, comme la zone semble infestee de moustiques, ceux-ci attaquant des la tombee de la nuit sur le fleuve, le capitaine remonte l'ancre et nous fait deriver le long des berges sur environ deux cents metres jusqu'a trouver un coin plus tranquille.
Il est environ 20h30 lorsque le cuisinier nous annonce que le repas est pret. Nous nous reunissons tous les quatre au centre du grand matelas ou l'on nous sert un plat compose de riz, de pommes de terre en sauce, ainsi que du pain. Etant de nouveau affame, je ne me fais pas prier pour me servir deux ou trois fois! Puis, pendant que Mark, Julia et Marius retournent se baigner, je reste a somnoler sur le bateau, definitivement demotive par l'idee de me baigner apres avoir vu une immense zone polluee par de l'essence un ou deux kilometres en amont de ce superbe pont a haubans...
Pendant que je suis allonge sous les etoiles, je realise que mon voyage arrive bientot a son terme et qu'en fin de compte, je suis heureux qu'il en soit ainsi, mon bilan etant a ce jour totalement positif! Et puis je me dis aussi que si l'Egypte est un pays fascinant, il y fait juste trop chaud en cette periode de l'annee! Du coup, je me rejouis de retrouver les paysages verdoyants de la Suisse, ses lacs, ses montagnes et sa nature qui reste extremement respectee par sa population en comparaison avec ce que j'ai eu, malheureusement, une fois encore l'occasion de voir a travers le monde! Donc oui, je suis pret a rentrer dans quelques jours, meme si je compte encore profiter comme il se doit des quatre derniers jours de ce beau voyage commence debut janvier en Patagonie, soit presque une eternite, et presque un autre monde!
Quand mes compagnons reviennent a bord, il est environ 22h30 et ils decident de se coucher eux aussi. Avec les nombreux bateaux de croisiere qui passent a proximite de notre "felluca" et qui produisent un bruit d'enfer, je decide de sortir mes boules quies et mon masque de nuit. Je tache ensuite de trouver une position confortable sur ce matelas peu epais et avec ces oreillers trops durs, et je finis tout de meme par m'endormir.