Nanning, derniere etape (imposee) avant de passer la frontiere.

Il n'est meme pas 5h30 du matin lorsque le responsable du wagon me reveille pour m'informer que nous sommes sur le point d'arriver a la gare de Nanning, le terminus de la ligne. Je me leve peniblement, encore a moitie dans les choux, je me brosse les dents et le temps de revenir a mon compartiment, je remarque que le train vient d'entrer en gare.

Je descends sur le quai, il fait encore nuit, et la premiere chose que je fait est de demander a un employe de la gare de m'indiquer ou je peux acheter un billet pour partir vers Hanoi le jour-meme. Il me montre l'aile droite de la gare et je m'y rends aussitot. Deux guichets sont ouverts et devant chacun d'entre eux, et malgre l'heure encore tres matinale, une file s'est deja formee. Je me joints aux autres passagers et pendant les dix minutes que je passe a attendre, je realise qu'il ne me reste plus que 180.00 Yuans en poche et que si ca ne suffit pas pour acheter mon billet, je serais oblige de partir trouver un bancomat et revenir faire la queue une seconde fois, et Dieu sait combien de temps je devrais alors attendre...

Heureusment, quand je demande le prix, l'employee de China Rail me dit que c'est 147.00 Yuans. Par contre, la mauvaise nouvelle c'est que le train ne part qu'a 18h45 et donc, je suis bloque a Nanning pour le reste de la journee, soit environ une douzaine d'heures!

N'ayant pas vraiment le choix, je repars avec mon billet en poche et je me dirige vers le service des consignes ou j'y laisse mon gros sac a dos pour la modique somme de 10.00 Yuans. On me donne un recu puis je decide de partir a la recherche d'un endroit ou prendre mon petit-dejeuner. Et j'avoue qu'au moment ou j'arrive sur la grande place de la gare, voyant que le soleil ne s'est pas encore totalement leve et que les rues ont a peine commence a se reveiller, je me demande ce que je fais la, a Nanning, une ville qui m'est totalement inconnue et dont je n'ai entendu le nom, et ce pour la toute premiere fois, que mardi dernier! 

 

Ne sachant rien de cette petite metropole du Sud Ouest de la Chine, je decide de descendre la grande avenue menant a la gare, esperant trouver quelques reperes. Et en fin de compte, il ne me faut que trois petites minutes avant de tomber sur un bancomat ou je decide de retirer un peu d'argent, sachant par avance que les quelques Yuans que j'ai en poche ne suffiront jamais a me mener jusqu'au soir.

Puis, quelques minutes plus tard, alors que le soleil commence a montrer le bout de son nez, j'arrive a un grand carrefour ou je vois la fameuse enseigne representant un grand M jaune! J'y fonce et je commande un petit-dejeuner complet. Pas extraordinaire d'ailleurs, et c'est bete a dire mais il y a des endroits comme le Mc Do ou, peu importe ou l'on soit dans le monde, on sait a quoi s'attendre et surtout, on sait que l'hygiene va (en principe) y etre irreprochable. Et une chose est sure, ca n'est pas aujourd'hui, en plein voyage vers le Vietnam, que j'ai envie de risquer une intoxication alimentaire!

Quand je reviens dans la rue, je remarque que de la musique provient d'un parc situe sur le cote oppose de la route. Je decide d'aller voir de quoi il s'agit et je tombe alors sur des dizaines de personnes, jeunes et surtout moins jeunes qui dansent, seuls ou en couple. Un spectacle inattendu pour une heure aussi matinale mais je trouve ca tellement charmant que je m'y attarde un moment, appreciant cette tradition tres... rafraichissante! Puis, un peu plus loin, je remarque que pendant que certains jouent au badminton dans le parc, d'autres font de la gymnastique ou de la course a pied. Je me dis que c'est la une excellente routine journaliere liant l'utile a l'agreable; une belle facon de rester en forme, et peut-etre aussi le secret de longevite des chinois, et des asiatiques en general. 

 

 

Il est a peine 7h30 lorsque je quitte le parc et comme j'ai vraiment tout le temps du monde, je reflechis a ce que je pourrais bien faire a Nanning, une ville qui ne figurera surement jamais sur la liste des endroits a ne pas rater lors d'une visite en Chine!

Soudain, je me dis que c'est l'occasion ideale de rattraper mon retard dans l'ecriture du blog, et meme prendre un peu d'avance sur mes heures habituelles de redaction. Je me mets alors a la recherche d'un internet-cafe mais je n'en trouve pas. Puis, en demandant a la reception d'un hotel si ils peuvent m'indiquer ou en trouver un, le receptionniste me dit que je peux utiliser leur business-center pour 4.00 Yuans de l'heure, un prix derisoire, surtout pour une connection aussi rapide.

Quatre heures plus tard, ayant eu le temps d'ecrire ma page sur Macao, charger les photos du jour precedent, repondre a mon courier et trouver un hotel qui me convienne a Hanoi, je repars. Il est presque midi et alors que je marche dans les ruelles de Nanning baignees par un beau soleil de printemps, je realise que la faim a refait son apparition au sommet de la liste de mes priorites et qu'il serait bon de trouver un lieu ou manger.

 

Je traverse ainsi tout le quartier mais entre les habituels fast-foods et les petits restaurants chinois qui, contrairement a ceux d'Amerique du Sud, ne m'inspirent vraiment pas confiance, je ne trouve rien qui me convienne. Et puis il faut dire que la cuisine chinoise n'est vraiment pas celle que je prefere utilisant des aliments tres etranges dont la simple vision de certains plats ferait tourner de l'oeil n'importe qui d'un peu trop sensible...

Un peu plus loin, arrivant dans le quartier ou se trouvent tous les grands magasins de la ville et ou la nouvelle Chine semble avoir definitivement balayee l'ancienne, je vois l'enseigne d'un restaurant semblant servir autant de la cuisine chinoise qu'occidentale. J'y prends donc place et je commande un steak poivre vert avec des pates et une soupe de fruits de mer. La soupe est fade (decidement, les soupes sont toujours "trop ou pas assez" ici...) et les spaghettis immangeables. Par contre, le steak est delicieux et je le mange avec les quelques legumes qui l'accompagnent. Et finalement je repars avec le sentiment d'avoir tout de meme calme ma faim.

Je reviens alors du cote du parc situe au coeur de la ville et une fois de plus, je tombe sur tout un groupe de femmes, en general plutot agees, qui dansent au son d'une sorte de techno chinoise. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'elles semblent s'en donner a coeur joie! Un peu plus loin, je croise des jardinieres en train de remplir les massifs du parc de jolies fleurs de printemps. Et pendant que ces femmes travaillent, la plupart des hommes (et aussi quelques rares femmes) que je croise semblent trop occupes a jouer, voire a simplement assister a une des nombreuses parties de cartes qui se deroulent en meme temps dans les allees du parc, pour penser a retourner a leur propre tache quotidienne...

 

 

Ne voulant ni danser, ni jouer, je repars en direction d'une longue avenue remarquee un peu plus tot dans la journee et qui semblait mener a un pont. Et effectivement, en m'approchant je realise que c'est bien de cela qu'il s'agit, un pont d'une taille tres respectable sous lequel coule un long fleuve tranquille... et relativement polue!

Je le traverse, profitant enfin d'une belle journee chaude et ensoleillee (qui m'oblige meme a sortir mes lunettes de soleil), pour arriver sur la berge opposee ou se trouve un autre parc joliment amenage, les chinois semblant bien meilleurs pour entretenir les parcs que pour preparer des soupes! Enfin, c'est en tous cas la conclusion etrange que j'en tire...

 

En amont du pont, je remarque une serie de bateaux ou vivent des familles entieres. Une sorte de quartier d'habitation sur l'eau pour gens a bas revenus... et en total contraste avec les immeubles rutilants qui se construisent sur la berge opposee! Deux images de la Chine qui se cotoient et qui peut-etre decident de s'ignorer, certains etant trop occupes a devenirs de bon capitalistes alors que d'autres, vivant juste sous leur fenetre, restent encore bien accroches a une epoque pas si lointaine ou la Chine etait un pays socialo-communiste ou la richesse ne se voyait qu'a la television, et encore, sur le peu de chaines autorisees par le regime!

 

Alors que je traverse le pont en sens inverse pour revenir vers le centre ville, j'ai la chance de voir certains des habitants de ces maisonnettes flottantes. Chacun sur son petit bateau, ils pechent dans les eaux du fleuve, certains a l'aide d'un filet alors que d'autres utilisant un simple fil de peche. Pendant que je les observe, je ne les vois pas ramener le moindre poisson, meme celui qui se sers du filet, et je me demande si dans ces eaux a la polution visible et evidente, il reste vraiment de quoi nourir leurs familles. Une question dont je n'aurais finalement jamais la reponse vu qu'apres une dizaine de minutes, je me lasse d'attendre et que je decide de repartir vers le quartier du centre.

 

En passant devant les jolies boutiques de l'immense centre commercial occupant tout un pate de maison, je me laisse tenter. J'y entre donc et je pars a la recherche d'un nouveau t-shirt car certains des miens sont bientot bons pour la poubelle!

En montant vers les etages superieurs, je constate que sur les affiches des differentes boutiques n'aparaissent que des models de race blanche et aucun asiatique, comme pour montrer a la population locale que c'est pour ressembler a ces models et a leur style de vie qu'il faut porter certains vetement et accessoires plutot que d'autres. Un comportement finalement tres humain et pas uniquement reserve a la Chine, meme si il semble prendre ici des proportions considerables...

Finalement je trouve un t-shirt qui me convient et je repars, realisant par la meme occasion que tout en Chine n'est pas de la contrefacon, et que de nombreuses marques 100% chinoises ont meme pas mal de succes aupres de la population. En meme temps, il me semble evident que la majorite des gens que je croise dans la rue preferent, au choix, porter un vetement pourri mais ou figure le logo d'une marque etrangere plutot qu'un article de bonne qualite ou rien n'indique d'ou il provient.

Je passe le reste de l'apres-midi au business center de l'hotel trouve le matin puis, vers 17h15, je suis de retour a la gare de Nanning. Avant d'entrer dans le hall, je dois montrer mon billet de train puis passer mon petit sac a dos dans le desormais habituel scanner (je me demande d'ailleurs si cela sert vraiment a quelque chose...). Apres quoi j'achete un bol de nouilles pour manger dans le train, et je recupere mon grand sac aupres du service des bagages en consigne. 

 

Le depart de mon train n'etant programme que dans une heure, je reussi a trouver un siege dans la salle d'attente pourtant bondee et je me mets a lire mon livre que je compte finir durant la soiree. Sur le siege a ma gauche, un homme sent la transpiration et a ma droite, un autre sent si fort des pieds que je demande presque pourquoi aucune souris n'est encore venue vers lui! 

Mais tout en essayant de ne pas trop y penser, je realise que moi-meme, portant le meme t-shirt et les memes chaussettes depuis presque deux jours, je ne sens pas vraiment la rose. Enfin, tant que je garde mes baskets et les bras pres du corps, ca reste tres discret en comparaison avec mes voisins. Mais je me promets tout de meme de me changer aussitot que je pourrais monter dans le train!

Vers 18h15, je vois les gens dans la salle d'attente qui s'agitent et peu apres, on nous ouvre les grilles pour acceder au quai. Le train de nuit pour Hanoi est la, pret pour le long trajet jusqu'a la capitale du Vietnam, et je suis surpris de voir tout ce monde qui court pour monter a bord.

Je remarque que le train a des wagons de deux couleurs differentes et la majorite des passagers semble aller vers ceux de couleur verte. Je les suis et la, un controleur regarde mon billet et me dit que je dois aller dans la partie orange du train, qui elle me semble deserte. Je monte a bord et effectivement, l'ambiance y est tres differente et certains compartiments sont meme carrement vides. Je comprends alors que les wagons verts vont jusqu'a la frontiere alors que seules ceux de couleur orange continuent jusqu'a Hanoi, d'ou un nombre bien moins important de passagers.

 

Autant le dire tout de suite, et c'est suffisamment incroyable pour etre signale, durant les dix heures de voyage, je n'entends pas le moindre bruit de raclament de gorge et je ne vois personne cracher! A croire que la page de mon blog ou je critique severement cette salle habitude nationale a ete lue par tous les passagers qui m'entourent car leur comportement est exemplaire. 

En plus, je me retrouve dans un compartiment avec un sympathique couple chinois en partance pour le Vietnam afin d'y passer des vacances et j'ai la chance de pouvoir discuter avec l'homme qui parle parfaitement bien anglais. Plus tard, apres notre depart, je constate que contrairement aux deux precedents trajets de nuit a bord des trains de China Rail, je ne suis pas le seul etranger a bord car je fais la connaissance de Markus, un suedois de 44 ans qui m'explique avoir plein de projets professionnels, ne pas etre rentrer en Suede depuis sept ans, recevoir une rente mensuelle de sa mere et vouloir devenir riche sans faire grand chose. En resume, il est sympa mais completement a cote de la realite le pauvre Markus!

Vers 19h30, ayant faim, je finis mon bol de nouilles en un rien de temps, apres quoi je mange encore trois mandarines qui trainent au fond de mon sac depuis la veille. J'essaie ensuite de dormir un peu mais sachant que le passage de la frontiere est prevu vers 22h00, les lumieres dans le compartiment restent allumees en permanence et je suis incapable de trouver le sommeil.

Plus tard, alors que le train est immobilise dans une gare quelconque, je vois des agents en uniforme monter a bord. Mon voisin chinois, portant le drole de nom de Double (peut etre en rapport avec "double zero sept"!) m'explique que ce sont les agents de l'immigration et que nous sommes obliges de leur donner nos passeports respectifs. Pendant qu'ils repartent avec nos documents de voyage, nous restons dans nos compartiments a attendre, et j'en profite pour demander a un des controleurs si je peux me faire prendre en photo avec son joli kepi noir de China Rail sur la tete, ce qu'il refuse aussitot!

Peu apres, on nous demande de descendre du train et prendre toutes nos affaires avec nous. Une fois dehors, on nous fait passer nos bagages au scanner (encore lui!) puis on nous dit de remonter dans le train. Et finalement, les agents reviennent et nous rendent nos passeports munis du tampon de sortie. Retrouvant mon cher passeport, je me dis que toute cette operation serait parfaite... si elle ne durait pas deux longues heures!

Une demi-heure de train plus tard, alors que les lumieres sont toujours allumees, nouvel arret dans une gare et nouvel ordre de descendre avec nos affaires. On se retrouve dans le hall lugubre d'une gare vietnamienne ou les agents locaux nous donnent des formulaires a remplir apres quoi ils les reprennent accompagnes de nos passeports. Nous attendons une vingtaine de minutes puis ils nous appellent tour a tour pour les recuperet, Le miens porte un tampon me permettant de rester sur le territoire vietnamien jusqu'au 15 mai, mais d'ici la, je devrais deja etre en Inde!

Finalement, ayant officiellement quitte le sol chinois, je suis plutot content de passer a autre chose, mon sejour en Chine ayant ete une succession de journees froides et pluvieuses, sans parler de la population avec laquelle j'ai eu, a quelques exceptions pres, beaucoup de mal a communiquer. En plus evidemment, de tout le reste qui m'a surtout laisse une sentiment de degout et d'incomprehension. 

Le passage des deux postes frontieres nous ayant pris trois heures, il est 1h30 du matin lorsque le train se remet en marche pour la derniere partie du trajet. Je me brosse les dents, je souhaite une bonne nuit a mes voisins et a Markus que je croise sans arret dans le couloir de mon wagon, puis je me depeche de prendre place sur ma couchette car la nuit s'annonce encore plus courte que la veille, l'arrivee a Hanoi etant prevue pour 5h00 du matin...