La vie trepidante dans les trains de nuits ouzbeks, puis arrivee a la belle ville fortifiee de Khiva.

La lumiere du jour passe deja au travers des fenetres du train ce qui me reveille aussitot. J'ai eu un mal fou a trouver le sommeil dans ce wagon surchauffe et surpeuple, et quand je regarde ma montre, il n'est que 6h00 du matin. Je decide de faire appel a mon masque de nuit cette fois-ci et j'arrive tant bien que mal a me rendormir.

Vers 8h00, n'arrivant vraiment plus a garder les yeux fermes, je decide qu'il est temps pour moi de me lever... meme si en verite, je continue de rester allonge sur ma couchette. Je jette un oeil par la fenetre du train pour constater que nous sommes en pleine traversee du desert de "Kyzylkum" qui s'etend du Sud du pays jusqu'a la Mer d'Aral, ou enfin, ce qu'il en reste! Et si le soleil brille de mille feux au moment ou je me reveille, je remarque que le ciel se couvre de nuages au fur et a mesure que nous remontons vers le Nord, ce qui a l'avantage de rendre la temperature a l'interieur du train tout a fait supportable.

 

Je reste ainis sur ma couchette pendant environ deux heures, occupe a lire et a prendre mon maigre petit-dejeuner compose d'un fond de bouteille de the froid et de quelques biscuits ramenes depuis Goa. Je fais tout de meme un saut du cote des toilettes histoire de me rafraichir un peu puis je reviens a mon compartiment ou j'occupe l'heure suivante a ecouter de la musique, avant de replonger dans la lecture de mon roman. Dehors, je constate que le paysage a change apres la traversee du grand fleuve Amu-Daria et que le desert a laisse place a des champs cultives grace a l'irrigation intensive, ce qui est d'ailleurs la raison principale de la catastrophe ecologique majeure que represente la disparition de la Mer d'Aral!

Vers 12h30 et comme j'en ai marre d'etre couche, je fais un deuxieme tour du cote des toilettes du wagon histoire de me degourdir les jambes et quand je reviens, je me trouve une petite place a cote d'une vieille dame assise dans mon compartiment. Un jeune homme ouzbek qui parle un peu anglais se met alors a me poser quelques questions et du coup, tout l'attention se porte sur moi. Je me retrouve avec une trentaine de personnes, soit la moitie des occupants du wagon avec les yeux braques sur moi et chacun y va de sa question. Le jeune etudiant fait la traduction et si j'ai droit aux demandes habituelles concernant mon nom, mon age, ce que je pense de leur beau pays, et des filles de la region, on m'interroge aussi sur le cout d'un tel voyage, et pourquoi je voyage seul alors que je suis en couple... Des questions finalement assez indiscretes mais auxquelles je reponds patiemment, voyant a quel point ces gens ont envie de communiquer avec les etrangers comme moi qui semblent venir d'un autre monde. Ils me demandent aussi de leur montrer ou se trouve le Portugal et la Suisse sur une carte et je leur montre alors la mappemonde que je garde dans mon sac et ou je trace mon parcours au fur et a mesure de mon voyage. Finalement, ils me demandent si je prends beaucoup de photos de leurs belles villes historiques et je profite alors de l'occasion pour les prendre en photo, les uns apres les autres, ce qui semble les ravir surtout les vieilles dames qui sont toutes etonnees de voir leur portrait sur l'ecran de mon appareil digital. Au final, c'est un moment de partage culturel tres appreciable et que je ne suis certainement pas pret d'oublier.

 

 

Vers 13h20, soit a l'heure prevue, notre train entre en gare d'Urganch, la ville principale de la region de Khorezm dont Khiva etait jadis la capitale. Je dis adieu a mes charmants voisins, j'attends que tout le monde sorte puis je recupere mes deux sacs a dos et je descends sur le quai. Je me mets aussitot a marcher en direction de la place de la gare car pour me rendre Khiva, une ville situee a plus de trente kilometres de la, je dois d'abord prendre un mini-bus jusqu'au grand bazaar, puis un second jusqu'a ma destination du jour.

Je me fais aborder par plusieurs chauffeurs de taxi qui me proposent de m'y emmener directement mais pour un prix exorbitant. Heureusement, je trouve rapidement le premier mini-bus en question et bien que coince a l'arriere avec mes affaires, j'arrive au grand bazaar sans mal. La, je demande a plusieurs personnes, dont des policiers, ou se trouve l'arret des bus pour se rendre a Khiva mais personne ne semble pouvoir me repondre avec precision. Du coup, ils me disent juste de marcher dans une certaine direction (heureusement toujours la meme) et je me retrouve ainsi a traverser le bazaar de part en part, a me faire devisager par des centaines de personnes certainement etonnees de me voir la au milieu avec mon accoutrement de backpacker, jusqu'a ce que le bazaar se retrouve tout a fait derriere moi. J'atteinds ainsi la route sans avoir pour autant trouve le fameux arret de bus. Je suis oblige d'arreter encore quelques passants pour leur demander dans un ouzbek tres mediocre "Marshrutka to Khiva?" (Mini-bus pour Khiva?) et finalement, j'arrive a mes fins. Je coince mes affaires sous le siege avant et je me retrouve moi-meme coince entre deux femmes et leur bebe respectif. Le trajet dure une petite demi-heure pendant laquelle je m'endors plusieurs fois, tachant toutefois de ne pas laisser ma tete retomber sur l'epaule de la jeune maman situee a ma droite...

 

Peu avant 15h00, le mini-bus me depose devant l'entree Nord de la ville fortifiee et si tout le paysage entre Urganch et Khiva est verdoyant, une fois que je me retrouve au pied de ce fantastique mur d'enceinte, je me croirais tout a fait au coeur d'une cite du desert avec ses maisons en pise a toit plat et ses rues poussiereuses, bien que propres.

Je jette un coup d'oeil au petit plan de la ville gentiment offert par Felix et Veronika lors de mon sejour a Samarkand et je m'engouffre alors dans ce dedale de ruelles tranquilles ou je ne croise que quelques vieillards et des enfants qui me devisagent encore plus que les adultes, comme si ils sentaient aussitot que je ne suis pas comme les autres "grandes personnes" qu'ils on l'habitude de cotoyer, ni par les traits de mon visage, ni par ma tenue vestimentaire. Au loin, au dessus des maisons, je devine la silhouette des fameux minarets de la ville, ce qui ajoute a l'excitation de me lancer dans la visite de cette cite qui m'a l'air tres prometteuse. Mais je decide de garder ca pour le lendemain, esperant un temps meilleur pour prendre des photos. Et apres quelques minutes de marche, je me retrouve a la reception de l'hotel Islambek ou je prends une jolie petite chambre pour les deux ou trois prochaines nuits.

 

 

Apres une bonne douche, je pars a la recherche d'un internet cafe car si mon hotel dispose d'un ordinateur, la connection y est si lente que je prefere ne pas insister. Je m'arrete en route pour un petit hot-dog et une fois que je trouve le centre d'information, j'y passe les deux heures suivantes a mettre le blog a jour et a prendre des nouvelles du monde.

En debut de soiree, je refait un crochet par ma chambre ou j'y passe une petite demi-heure couche sur mon lit a regarder la television, puis je decide qu'il est vraiment temps de sortir pour manger, et un "vrai" repas cette fois-ci car avec quatre biscuits et un hot-dog avale depuis le reveil, j'ai plutot faim!

Je decide de quitter la ville fortifiee car j'ai repere, en arrivant, un grand restaurant proche de la porte Nord. Mais des que j'y arrive, je ne vois rien qui me motive reellement et je continue alors a marcher, contournant le magnifique mur d'enceinte et ses nombreux bastions alors que le soleil se couche a l'horizon. Une chose est sure, j'ai hate, vraiment hate de passer la journee suivante a decouvrir les tresors de cette veritable ville de carte postale!

 

 

C'est ainsi que je passe la porte Ouest pour revenir dans le coeur de la cite historique. Je marche sur une centaine de metres jusqu'a remarquer une jolie terrasse. J'y entre et comme la serveuse parle quelques mots d'anglais, juste assez pour me dire qu'ils servent de la soupe et du "plov", je decide de commander une portion de leur fameux plat national, accompagne d'un pot de the chaud.

Je prends place a une table et je remarque que je suis seul dans ce restaurant, a l'exception d'une autre table un peu plus loin ou je vois une jeune femme qui feuillette les pages de son Lonely Planet. Etant etonne de ne pas voir plus de touristes dans cette ville faisant pourtant partie du circuit habituel de l'Asie Centrale (et a juste titre!), je decide de m'approcher pour lui proposer de partager sa table. Elle semble ravie de ne pas avoir a manger seule et c'est ainsi que je fais la connaissance d'Allison, un londonienne qui passe deux semaines de vacances dans le pays.

Nous discutons de nos voyages respectifs, un sujet de conversation toujours aussi inepuisable, puis une fois notre repas termine, elle me dit qu'elle est dans le meme hotel que moi et qu'elle y a justement rendez-vous avec un couple de suisse-allemands rencontres la veille. Nous quittons donc le restaurant et des que nous arrivons a la reception de notre auberge, nous commandons un pot de the que nous buvons sur les canapes en face de la television qui diffuse les matchs de tennis du jour. Nous sommes aussitot rejoins par Sam et Claudia, deux jeunes bernois qui me disent voyager durant cinq mois entre Istanbul et la Chine avant de rentrer vers la Suisse en prenant le Transsiberien. Joli idee et beau parcours! 

 

Vers 22h30, Allison, qui part le lendemain pour Bukhara, nous dit bonne nuit et part se coucher. Je reste donc avec Sam et Claudia a regarder la television et a discuter de nos voyages mais aussi de la Suisse, notre si beau pays de residence que nous semblons tous tant apprecier, que nous soyons ici, si loin de la maison, ou la bas! Puis, peu avant minuit et comme mon pot de the est termine, je decide d'aller me coucher a mon tour car apres le peu d'heures de sommeil de la nuit precedente, je suis bien fatigue.