Nouvelle frontiere et nouvelle galere entre bureaucratie inutile, controles interminables, et contrebande de cigarettes!
Pour mon dernier jour (deja!) dans ce pays tres attachant qu'est la Syrie, je me leve a 8h00. Je dois ensuite attendre que les douches se liberent avant de pouvoir y passer a mon tour, certain(e)s oubliant un peu vite qu'ils ne sont pas chez eux, puis je prends mon petit dejeuner dans la cour interieure tout en discutant avec un hollandais d'un certain age qui semble aussi mordu de voyages que moi.
Avant de penser a ranger mes affaires, je passe rapidement a la reception de l'hotel voisin ou je recupere finalement mon linge lave la veille. Je plie ensuite tout ca avant de finir de preparer mon sac puis descendre faire le check-out. La, n'ayant plus beaucoup de Livres syriennes, je decide de payer mon sejour partiellement en Dollars afin de garder un peu de cash pour le reste de la journee. Je peux alors quitter le "Al Rabie Hotel", une vieille auberge vraiment charmante situee dans ce tres joli quartier de Souq Saroujah ou je viens de passer les deux derniers jours. Je me mets ensuite a attendre le bus local et une quinzaine de minutes plus tard, il me depose a la gare routiere desservant le Sud du pays ainsi que la frontiere jordanienne.
Il est presque 10h00 lorsque j'arrive dans le parking de la gare et je me fais aussitot accoster par des chauffeurs de taxi cherchant des passagers pour Amman mais je leur reponds que je suis la pour prendre le bus, et je continue a marcher jusqu'a rejoindre le hall des billets. La, et a ma grande surprise, on me dit qu'il n'y a que trois departs quotidiens pour la capitale jordanienne, soit a 8h30, 15h30 et 16h30. Du coup, et comme je ne tiens pas a attendre la pendant plus de cinq heures, je decide d'accepter l'offre d'un chauffeur de taxi proposant de m'emmener pour 700.00 Livres, le trajet en bus etant presque aussi cher. Et c'est comme ca que je me retrouve a l'arriere d'une grande Toyota familiale avec le chauffeur et un de ses amis assis a l'avant.
Le conducteur me dit qu'il doit juste attendre de trouver un ou deux passagers supplementaires avant de se mettre en route et c'est la que l'attente commence. Une demi-heure puis presque une heure s'ecoulent avant qu'un autre homme viennent prendre place a mes cotes. Le chauffeur nous dit que soit il attend un dernier passager soit on part immediatement mais ca nous coutera un peu plus cher. Je lui montre alors mon porte-monnaie vide apres lui avoir donne les 700.25 Livres qu'il me reste et il n'insiste finalement pas. Il est donc presque 11h00 lorsque nous quittons enfin le parking surchauffe de la gare routiere de Damas!
Il y a une centaine de kilometres separant la capitale syrienne des limites Sud du pays, une distance que nous parcourons a vive allure. Puis, peu avant d'arriver au poste frontiere, le chauffeur s'arrete au bord de la route et il est aussitot remplace par un autre type qui me semble immediatement nerveux et peu engageant. Quelques minutes plus tard, nous nous immobilisons au poste de controle des douanes syriennes ou tronent les portraits geants du president Bachar Al Assad ainsi que celui de son pere, le defunt Hafez Al Assad. Tout se passe normalement et une fois la douane passee, nous nous arretons devant le bureau d'immigration ou le chauffeur m'accompagne afin que je fasse tamponner mon passeport pour la sortie du pays. La, on me dit que je dois encore payer 500.00 Livres de taxe de sortie, un paiement inattendu d'une somme que je ne possede plus. C'est alors que le chauffeur du taxi me prete gentiment l'argent dont j'ai besoin en me disant que je pourrai le rembourser plus tard en Dinars jordaniens. Je passe ensuite au guichet afin d'obtenir le tampon necessaire et quand je ressors, je trouve l'autre passager du taxi (lui-meme jordanien) mais aucune trace ni du vehicule, ni de son conducteur.
Nous marchons alors tous les deux sur une centaines de metres avant de retrouver notre taxi stationne sur le parking du centre commercial Duty-Free situe entre les deux postes de douane. Peu apres, le conducteur et son ami reviennent avec plusieurs sacs remplis d'une dizaine de cartouches de cigarettes qu'ils se mettent aussitot a ouvrir avant de cacher les paquets dans tous les recoins de l'habitacle de la voiture. Je suis etonne de les voir demonter la console centrale, l'auto-radio, la partie sous le pommeau de vitesses ainsi que le siege arriere afin de cacher ces centaines de paquets de cigarette qu'ils comptent evidemment passer clandestinement en Jordanie!
Une fois la "marchandise" dissimulee un peu partout, ils jettent les cartouches vides par la fenetre de la voiture et je comprends alors pourquoi tout le parking est couvert de dechets, d'autres conducteurs semblant occupes a faire exactement le meme type de trafic! Nous nous mettons ensuite en route et quelques centaines de metres plus loin, nous arrivons au poste frontiere jordanien ou trone cette fois-ci le portrait du jeune roi Abdallah posant fierement devant les images des grands sites touristiques du pays.
Nous nous retrouvons rapidement dans une file de voitures alors qu'un panneau indique que nous sommes au poste de controle des vehicules. Je vois juste a cote le bureau d'immigration ou je suis sense obtenir mon visa et je le fait remarquer au chauffeur. Mais celui-ci me demande d'attendre dans la voiture. Et quand notre tour arrive de nous faire controler, je comprends mieux pourquoi car nous sommes tous obliges de sortir du taxi avec nos bagages respectifs. La, je me demande si il y a un risque que certains paquets de cigarette aient fini caches dans mon sac a dos... mais je verifie rapidement sans rien trouver. Le douanier se met a jetter un coup d'oeil a la voiture et le chauffeur lui montre volontairement la boite a gants ainsi que l'espace de rangement de la roue de secours, tous les deux evidemment vides! Et a ma grande surprise, l'agent des douanes semble s'en contenter, ne cherchant pas a verifier ailleurs alors que ce type de contrebande doit etre monnaie courante entre les deux pays. Et nous pouvons donc faire avancer la voiture afin de nous immobiliser une nouvelle fois afin que je puisse changer 40.00 Dollars contre des Dinars jordaniens et aller ensuite montrer mon passeport au bureau d'immigration.
En y arrivant, je commence par faire la queue a un guichet avant que l'on me renvoie a celui delivrant les visas. Je patiente une dizaine de minutes puis j'obtiens le precieux sesame contre le paiement de 10.00 Dinars jordaniens, soit environ 15.00 Dollars. Je retourne une nouvelle fois au premier guichet ou je dois de nouveau attendre avant de finalement recevoir le tampon d'entree dans le pays! Ceci etant fait, je ressors sur les escaliers du batiment ou je tombe sur l'autre passager qui attend alors que le chauffeur du taxi et son ami courent dans tous les sens afin d'obtenir les documents pour le passage de la voiture, certaines formalites semblant leur avoir echappe...
Mon voisin est enerve de devoir attendre aussi longtemps a la frontiere, premierement a cause de l'histoire des cigarettes a cacher dans la voiture et ensuite en raison des papiers du vehicule qui ne sont pas en regle, et je lui fais remarquer que je le comprends tout a fait, etant moi-meme fatigue de passer deux heures a attendre betement a cause de ces types qui sont juste senses nous emmener de Syrie en Jordanie! Et finalement, il est plus de 14h00 lorsque nous quittons le poste frontiere afin de prendre la direction d'Amman, la capitale jordanienne! Mon voisin nous quitte a la premiere ville que l'on traverse et je reste donc seul a l'arriere. Au travers des fenetres du taxi, je ne vois qu'un grand paysage desertique sans le moindre village, et etant donne le cote inhospitalier du paysage, je ne suis pas surpris que personne ne veuille vivre dans cette region mis a part les bedouins et leurs chameaux!
Au bout d'une heure, nous commencons a voir les premieres maisons et immeubles de l'immense banlieue d'Amman, une ville dont la population a plus que decuple ces cinquante dernieres annees! Je rembourse le chauffeur pour la somme que je lui ai emprunte a la frontiere syrienne puis peu apres, son ami descend aux abords d'un des quartiers de la ville. Pendant que nous roulons, je dis au conducteur que je souhaite me rendre au bureau de la compagnie de bus Jett afin d'y acheter mon aller-retour pour Petra et il me dit savoir precisement ou il se trouve. Au loin, je constate une grande fumee se degager au dessus des toits de la ville mais je ne parviens pas a savoir de quoi il s'agit.
Le chauffeur du taxi ne semble pas s'en inquieter plus que ca et peu apres, il s'arrete dans un quartier residenciel m'expliquant qu'il y a trop de police au centre ville et qu'il doit se debarrasser de sa marchandise avant de m'y emmener. Il se met alors a demonter les pieces de l'habitacle pour ressortir une quantite impressionnante de paquets de cigarettes, encore plus que ce que j'avais imagine! Au bout d'un quart d'heure et alors que je commence serieusement a m'impatienter, son complice arrive puis repart avec le tout, lui donnant en echange une liasse de billets de banque. Il me sourit alors et m'emmene finalement la ou je lui ai demande alors que ma montre m'indique qu'il est deja 15h30, le trajet entre Damas et Amman m'ayant finalement pris plus de cinq heures!
Je commence donc par traverser la route avec mes sacs sur le dos et entrer dans le bureau de la compagnie de transport Jett. J'y achete un aller simple pour me rendre a Petra demain matin, le bus partant a 6h30. Puis, quand je ressors, je me dis que j'ai tout interet a acheter deja le billet de retour et apres avoir echange un nouveau billet de 20.00 Dollars dans le bureau de change voisin, je retourne au guichet acheter le trajet de retour entre Petra et Amman prevu pour samedi en fin d'apres-midi, me laissant ainsi deux journees completes pour visiter ce lieu extraordinaire qui me fait rever depuis tres longtemps, et ce avant meme qu'Indiana Jones ne s'y aventure lors de sa recherche du Graal...
Apres ca, je decide de descendre au centre ville a pied, la carte du Lonely Planet m'indiquant que je n'en suis separe que par un peu moins de deux kilometres. Me trouvant au sommet de l'une des dix neuf collines de la ville, je n'ai aucun mal a marcher tout en descendant alors que les taxis passent a coter de moi en klaxonnant. Peu apres, n'etant pas vraiment sur d'etre sur le bon chemin, je demande a soldat poste devant un immeuble officiel et il me souhaite la bienvenue en Jordanie avec un enorme sourire, me demandant aussitot d'ou je viens. Et quand je lui reponds, j'ai droit a un : "Oh my God, Cristiano Ronaldo!". Je lui dis que oui, c'est ca, on est du meme pays mais la comparaison s'arrete la et j'aimerai juste savoir si je suis perdu ou pas. Il me dit alors que j'en ai pour trois ou quatres kilometres avant d'arriver au centre ville et que je ferais mieux de prendre un taxi. Je le remercie et etant tout de meme bien fatigue de porter mes sacs a dos par cette chaleur sans avoir pratiquement rien mange depuis le petit-dejeuner a l'exception de quelques cerises, je decide de suivre son conseil.
C'est ainsi que je me retrouve en plein centre de Downtown Amman, plus precisement dans la rue Al-Malek Faisal ou se trouvent la plupart des hotels bons marches. Et si, malgre quelques minarets et vieilles maisons accrochees sur les collines, la ville ne degage pas un cote hautement historique comme Alep ou Damas, je m'y sens tout de suite a l'aise. Je marche quelques metres sur des trottoirs propres ou les bijouteries et les bureaux de change se succedent avant de trouver l'entree du "Mansour Hotel", un etablissement simple et sans pretentions recommande par le Lonely Planet. Et des que j'arrive a la reception, je tombe sur le responsable ainsi que le reste des residents occupes a suivre le foot sur le petit ecran de la salle commune. Il s'interrompt pour me montrer sa seule chambre individuelle libre et pour 10.00 Dinars, je l'accepte malgre le cote un peu sale et neglige qui s'en degage, mais trop content d'etre finalement arrive a bon port!
N'ayant pas beaucoup de temps a consacrer a la capitale jordanienne, je decide de repartir aussitot afin de visiter le petit quartier historique de la ville. Je marche une petite dizaine de minutes, m'arretant juste pour un delicieux jus d'orange fraichement presse, avant d'arriver sur une petite place bordee par une belle serie de colonnes corinthiennes, seul vestige de l'immense forum situe au coeur de l'ancienne cite romaine de Philadelphia.
Un peu plus loin, sur les abords d'une avenue pavee comme sortie tout droit de l'antiquite, je me retrouve devant les ruines d'une grande porte de pierre derriere laquelle je devine des gradins montant le long de la colline ou ils sont directement tailles dans la roche. On me dit que l'entree du site coute un Dinar et une fois avec le ticket en poche, je pars a la decouverte de ce lieu apparemmant tres impressionnant.
C'est ainsi que je me retrouve au coeur du grand amphitheatre romain bati au IIeme siecle de notre ere par l'empereur Antonius Pius. C'est un superbe et immense theatre antique qui peut encore de nos jours, grace a son excellent etat de conservation et son acoustique irreprochable, accueillir jusqu'a six mille spectateurs lors de representations estivales. Je commence par explorer la scene avant de gravir les gradins dont la pente est vertigineuse, le public ayant interet a ne pas souffrir de vertige!
Une fois au sommet, je peux aussi beneficier d'une vue imprenable sur les maisons de la ville ainsi que sur la citadelle batie au sommet de la colline voisine de Jebel al-Qala'a qui du haut de ses 850 metres est aussi la plus haute de Damas. Mais son etat de delabrement ne m'incite pas a m'y aventurer pour une visite et je passe donc encore quelques minutes a flaner dans les gradins de ce fantastique amphitheatre ainsi que dans les galeries du petit musee voisin consacre aux costumes traditionnels jordaniens, et possedant aussi une superbe collection de mosaiques.
A une cinquantaine de metres plus au Sud, je tombe sur un petit batiment dont le parvis est couronne de quelques beaux exemples de chapiteaux de style corinthien, le plus beau et recent des trois ordres architecturaux grecs, les deux autres etant les styles doriques et ioniques. Je passe la porte qui est entrouverte pour me retrouver au centre de l'Odeon, un petit theatre prive de cinq cents places bati a l'epoque romaine pour des representations musicales.
Etant le seul visiteur present, le jeune gardien n'hesite a me souhaiter la bienvenue dans son pays et apres quelques minutes consacrees au football et a son joueur prefere dont je ne citerai pas une fois de plus le nom..., il se met a me poser des questions sur l'image de son pays en Europe. Je lui dis alors que la Jordanie et connue pour trois raisons principales : le site de Petra, les talents diplomatiques et pacifiques de l'ancien roi Hussein, et la beaute de la jeune reine Rania de Jordanie! Et ma reponse semble lui plaire car il part dans un grand eclat de rire avant de me serrer la main chaleureusement et me demandant meme mon adresse e-mail!
Quand je reviens au centre ville, je passe les deux heures suivantes sur internet avant de trouver un joli restaurant ou pour une fois, je me fais vraiment plaisir avec un quart de kilo de crevettes geantes grillees et servies avec des poivrons, des tomates et des oignons, le tout accompagne par de tres bonnes pommes de terres sautees. Un regale qui me coute plus cher que mes repas habituels mais apres une journee ou je n'ai presque rien mange, je devais bien ca a mon cher estomac!
J'assiste a la premiere mi-temps du match opposant la France au Mexique dans le restaurant puis je rejoins les autres residents de mon hotel pour la deuxieme partie de la rencontre. Tout le monde semblant supporter l'equipe latino-americaine, nous passons ainsi ces dernieres quarante cinq minutes scotches au petit ecran de la salle commune alors que la France est en pleine deroute. Et lorsque la rencontre se termine, tout le monde semble en effet satisfait de la victoire mexicaine...
Avant de remonter dans ma chambre, je prends soins de reserver un lit dans un dortoire pour la nuit de samedi a dimanche lorsque je reviendrai de Petra puis je gravis les deux etages me separant de la douche que je reve de prendre depuis le milieu de cette journee qui m'a semblee interminable! Je mets encore quelques affaires de cote pour demain matin, je prends soins de mettre la batterie de mon appareil photo a charger puis je me couche aux environs de minuit, le reveil etant d'ores et deja programme pour 5h30 du matin!